Nirante descendait le grand escalier de pierre de l'imposante tour. Ses suivantes gardait les yeux baissés, et la jeune dame soupirait de temps à autre, sous le regard accusateur de sa dame de compagnie, une femme d'une cinquantaine d'années, bien portante et à cheval sur les règlements. Une voix rauque parvint du banquet tout proche, accompagnée de la chute d'un objet.
- Où est Nirante ? Où est-elle ? C'est ma femme non ?
- Seigneur je vous en prie, se mettre dans des états pareils !
Une choc, des gardes qui accourent... Cette scène était fréquente au fief de l'orbescence, surtout durant les fêtes annuelles. Nirante avait pris l'habitude de ne pas trop approcher de son époux : il avait l'alcool violent. Ses bras et ses jambes s'en souvenaient...
- Ma dame, de nouveaux ravages dans l'est ont été rapporté...
Le garde s'était agenouillé devant elle, avec respect. En fin de compte c'était elle le seigneur ici...
- Qu'on donne aux survivants des couvertures, et qu'on puise dans les greniers du château, ordonna Nirante.
- Votre époux craint pour l'hiver...
- Les récoltes de la saison dernière ont été bonnes, l'interrompit la jeune femme, faites ce que j'ai dit.
Le soldat hocha la tête et se retira.
- Est-ce vrai ce que l'on raconte ? Que le mal est sur nous ? demanda soudain une des plus jeunes suivantes.
Soudain, le maître des lieux apparut, visiblement saoûl et se jeta sur le groupe de femmes. Des cris, un rire rauque, des mouvements de fuite, et l'haleine d'alcool sur son visage... Nirante repoussa son époux avec dégoût.
- Ça suffit Geoffre, allez cuver ailleurs !
- Ne me parle pas comme ça, tu me dois le respect, et l'obeissance !
Il la maintenait contre lui, et elle se contortionnait pour lui échapper. Finalement, les gardes lui vinrent en aide et emmenèrent Geoffre à l'intérieur de la tour où il pourrait dormir. Nirante repris son souffle, regarda la jeune suivante et répondit :
- Oui. Ce que l'on raconte est vrai... Le mal est sur nous.
La soldatesque, Geoffre et Nirante repartirent pour leur fief le lendemain, une ambiance lourde règna tout le long du voyage.
>suite : "fief de l'orbescence" Le château.
Sujet: Fête villageoise 
Ven 17 Nov - 20:50
