L'éxil.

HRP/ je fais parler mes persos en couleur maintenant. Bleu : Dreyan. j'utilise d'autres couleurs pour ses interlocuteurs.


L'elfe contemplait la mer. Elle était d'un turquoise tirant plus sur le vert que sur le bleu, du fait des algues qui se développaient à cette période de l'année. Une douce brise salée soufflait, poussant quelques paresseux nuages. Il faisait beau temps pour la saison.
Soudain, quelque chose d'inhabituel attira l'attention de l'elfe. A l'horizon, deux points étaient apparus. Ils grossissaient à vue d'oeil. Inquiet, l'elfe se leva et quitta la dune sur laquelle il était assis pour retourner à son village.

Les deux dragonniers et leur passagère volaient tranquillement depuis deux jours quand, un point perça la ligne d'horizon.l'île de Céana était en vue.

L'un des deux parla. Il était portait un sabre et des habits de cuir.
-J'espère que notre exploit n'est pas parvenu jusqu'ici, je n'ai pas envie de me récolter toute la milice de l'île dès notre arrivée.
-Non, je ne pense pas qu'ils aient cru bon d'envoyer des messagers jusqu'ici. Il faudra toutefois être prudent , lui répondis son compagnon en armure.

Les deux imposants reptiles se posèrent une demi heure plus tard sur le sable d'une petite dune. Dreyan et Eralanth descendirent de leur dragon, Zirria sauta à terre, contents de pouvoir se dégourdir les jambes. Ils avaient déposé Elkirien chez le Grand père de Zirria.

*-Tu ferais bien d'aller te chercher de quoi te nourrir, ce voyage à dû te fatiguer.
-Moi, fatigué? Jamais, mais je ne cracherais pas sur un bon morceau de viande.
- Prétentieux, allez, dépêche toi d'aller engloutir quelques kilos.*

Le grand dragon noir s'envolla, bientôt rejoins par son congénère.
A peine les deux compagnons de ripaille disparus, une quinzaine d'elfes surgirent près des trois voyageurs.
-Halte. Que venez vous faire ici?
-He bien, c'est un peu long à expliquer aussi nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous mener devant votre chef afin de ne pas avoir à raconter deux fois notre histoire répondit Dreyan. Il n'avait en vérité aucune idée de ce qu'il allait bien pouvoir leur raconter et essayait juste de gagner du temps.
-Soit, rien ne presse. Suivez nous.

Les compagnons quittèrent donc la plage encadrés par des elfes dont ils n'avaient aucune idée deleurs convictions.

Eralanth était très peu préoccupé du fait qu'ils avaient enfreint un certain nombre de loi près de la cité des elfes. Là-bas ils étaient considérés comme des hors-la-loi. Mais Eralanth connaissait bien les relations entre les habitants des îles avec ceux des terres. Ces deux peuples d'elfes n'avait jamais pu se sentir. C'est pour cela qu'Eralanth doutait que les autorités des îles est été mises au courant. Cette pensée rassurante lui fit un bien fou. Il regarda les gardes elfes autour de lui. Si la situation venait à mal tourné ils seraient forcé de fuir ou d'être impitoyablement mis à mort. En effet de par leurs équipements et leurs insignes, Eralanth déduit que ces soldats était les membres d'élites d'un des plus prestigieux clan des Îles.

Après une heure et demi de marche intense sur la plage les elfes bifurquèrent sur un petit chemin forestier qui mena rapidement à une palissade en arbres exotiques. Les elfes s'y engouffrèrent et la petite troupe se trouva dans une petite ville. Les guerriers empruntèrent une grande avenu qui menait à un grand bâtiment fermé par une porte ouvragé en fer forgé. A l'approche des gardes ces deux volets s'entrouvrir laissant passer la petite troupe...

Eralanth fut charmé par la grade beauté de la femme en face de lui. Il se demanda comment allait-il faire pour lui raconter sa véritable histoire. Des rumeurs les plus folles racontaient que cet femme pouvait lire dans les hommes comme ans un livres ouverts. Il ne fallait donc pas mentir sur leurs véritables méfaits. Eralanth s'avança de quelques pas et prit la parole.

-Notre histoire est très longue et un peu ardue à raconter. J'ai rencontrer ses jeunes gens dans une auberge dans la cité des elfes de la grande forêt de Fééria.

Eralanth vit aussitôt le visage de la femme en face de lui s'assombrir.

-Bref nous avons eu quelques soucis avec la milice pour des raisons très spéciales.

Il laissa la parole à ses compagnons, leurs laissant raconter la suite de l'histoire.

-Ainsi s'achève notre histoire, termina l'elfe.Il avait raconté la vérité de bout en bout, omettant juste volontairement le nom d'Elkirien et passant le plus rapidement possible sur les capacités du grand père de Zirria.
La souveraine parut plongée dans une profonde réflexion.
-J'ai le sentiment qu'il manque quelque chose à votre récit. Cependant, je ne sais pas quoi.
Dreyan fut estomaqué, elle savait donc quand quelqu'un lui mentait.

*-Judicieux choix de la part d'Eralanth que de lui raconter la vérité.*

-Je puis vour reconter notre histoire si vous le voulez ma dame, cependant elle sera la même.
-Ce ne sera pas nécessaire, je trouverais de toute manière ce qui manque.
-S'il manque quelque chose, ajouta Dreyan, espérant ainsi atténuer ses soupçons.
-En attendant, allez vous reposer. Je vais mettre à votre disposition une de nos huttes.Et la reine les congédia d'un geste de le main.

Les trois compagnons sortirent du palais encadrés par quatres gardes toujours armés et menés par un autre qui semblait être plus gradé. Ils traversèrent le village fortifié et arrivèrent à la hutte qui leur était destinée. C'était un trou creusé sous les racines d'un arbre. La porte était constituée d'un simple rideau de lierre tombant.l'intérieur était plongé dans l'obscurité et dégageait une légère odeur d'humus frais.
Dreyan prit une bougie à l'entrée et l'alluma.
L'intérieur était constitué d'une seule pièce mais spacieuse et meublé avec gout. Une table en un bois qu'ils ne connaissaient pas était près d'un mur , recouverte d'un tapis rouge foncé. Les autres meubles étaient une armoire du même bois et un lit taillé dans ce qui parraissait être du chêne. Une cheminée ronde occupait le centre de la pièce.
Une fois la pièce éclairée par les bougies mises à leur disposition en grand nombre et la cheminée allumée pour chasser l'odeur de terre, l'ambiance de la pièce était chaleureuse... s'ils n'étaient pas considérés commes des prisonniers en sursis. Les quatres gardes étaient restés à l'entrée.

-Ce n'est pas mal pour un batiment de rétention lacha l'elfe. Profitons de notre répit pour nous installer et nous reposer. Je vais voir ce qu'il y a dans l'armoire.
Il y avait des couvertures à profusions ainsi que deux bobines de laine et des aiguilles à tricoter.
-Au moins, nous ne dormirons pas sur le sol. Je vous laisse vous battre pour le lit, moi, ces couvertures m'iront très bien.Et il prit une petite moitié des couvertures pour les empiler près du foyer. Je propose que nous ne défassions pas nos paquetages de manière à pouvoir partir précipitamment si besoin est.
*-Yrkshys, restez cachés loin de nous, nous ne sommes pas en danger pour le moment et je ne pense pas que nous le serons avant quelques jours.-D'accord, les côtes de cette île regorgent de poisson ; sauf au nord d'ou il me parvient une odeur fort désagréable.*

Peu après, un garde leur apporta de quoi manger. Le repas était constitué essentiellement de produits de la mer. Les compagnons furent agréablement surpris par la découverte de ces saveurs inconnues de leurs palais.
La nuit tombant, ils se couchèrent.

Eralanth était étonné qu'il soient considérés comme étant en rétention. Ce détail l'agaçait. Peut-être aurait-il plus d'informations de la part des gardes en dehors de la cabane. Il agrippa sa harpe posée sur un petit tabouret à coté du lit. Écartant le lierres, il sortit de la petite habitation. Dehors, deux soldats elfes bavardaient calmement.

-Excusez-moi, avança l'elfe, est-ce j'ai le droit de sortir de cette habitation.

-Bien sur, répondit le premier, mais la ville est surveillé en permanance par des tours de surveillance à la cime des arbres donc si vous contiez vous enfuir c'est a vos risques et périls.

Eralanth fut étonné du ton jovial que pris ce dernier.

-Je ne savais que les règles pour les prisonniers étaient aussi souple.

-Ici vous n'êtes jamais considérés comme prisonniers.

-Est-ce que les échoppes sont ouvertes à cet heure-ci.

-Bien sur elle le sont tout le temps.

-Merci du renseignement.

Eralanth retourna dans la tente et réveilla Zirria qui dormait à points fermés. Celle-ci se réveilla très lentement...

-Serais-tu tenté par une petite ballade nocturne dans la ville avec en prime le tour des échoppes?

Eralanth ne faisait pas beaucoup les échoppes. Avant d'avoir connu Dreyan et d'être parti avec cette petite troupe il avait plutôt vécu en ermite avec son dragon. Il avait aussi aucune idée des échoppes que pouvait contenir une grande ville comme celle-ci. L'elfe pensa tous d'abord à se procurer un peu plus d'argent. Son armure de métal était dans un métal assez rare, ce qui pouvait lui procurer une bonne somme d'argent. De plus, celle-ci était un peut trop lourde. Le chantre emmena Zirria dans le centre ville. C'était magnifique. Les échoppes étaient décorées et des lampes éclairaient l'avenu ou était les deux elfes. Une brise légère vint soulevé les cheveux longs d'Eralanth. Une sensation intense de liberté le submergeait. Ce n'était pas une détention comme les autres. Tournant la tête de droite à gauche, Eralanth aperçu un marchand d'armure. Il commença de s'y approcher mais il senti que Zirria n'était pas très enthousiaste du fait d'entrer dans une boutique d'armes.

-Attendez-moi ici je reviens immédiatement.

Il entra dans l'échoppe. Un elfes assez grand et large d'épaule l'accueillit. Les murs étaient couverts de râteliers d'arme ou d'armure. Après un bref tour du magasin, une armure en cuir renforcée lui tapa dans l'œil. Il appela le forgeron.

-Monsieur, serait-il possible de vendre mon armure.

-Bien sur, lança le forgeron en examinent la protection.

Après cinq minutes d'intense réflexion Eralanth et le forgeron convinrent d'un pris raisonnable de cinq-cent pièce d'or. Il prit cent de l'or gagné suite à la vente de l'armure pour payé le plastron en cuir renforcé. Le barde sortit de la boutique pour aller retrouver Zirria qui attendait tranquillement dans la rue.

-Je vous laisse choisir l'échoppe de votre choix car je n'ai pas une grande expérience dans ce domaine, dit l'elfe, quelque peu gêné.

Lorsque Dreyan se réveilla, il était seul dans la hutte.
N'ayant pas été réveillé par leur départ, il supposa qu'ils étaient partis de leur propre gré et leur fut gré de l'avoir laissé dormir, il en avait réellement besoin.
L'elfe décida de partir à leur recherche dans la ville en flanant dans les boutiques d'artisanat.

Lorsqu'il sortit, le soleil acheva de le réveiller et il partit de bonne humeur dans la ville, en en oubliant la captivité.

Dreyan passa près de chez un tisserands et s'arrêta devant une tunique d'un bleu clair chatoyant fait dans un tissu inconnu de l'elfe. Lorsqu'il se renseigna, l'artisant lui indiqua qu'il s'agissait d'un tissu d'une très grande qualité fait à partir des sécrétions de certains crabes marins. Le tissus était doux et léger au touché.
Il continua sa visite, passant devant diverses habitation de formes variées. Une armure attira son attention chez un forgeron. C'était la même que celle d'Eralanth. Doutant que ce métal fut courant dans les environs, il en déduit que ses compagnons étaient passés par là. Il se renseigna auprès du forgeron qui lui indiqua l'auberge de "la mouette d'argent" puis essaya de lui vendre ses productions.
Dreyan déclina poliment les offres, il n'avait pas d'argent, et se rendit à l'auberge où étaient rentrés Eralanth et Zirria.
Lorsqu'il entra, Dreyan fut saisi par la différence de température, la chaleur de la pièce le réchauffant après l'air frais matinal. Refermant la porte derrière lui, il parcourut la pièce du regard et localisa les autres assis à leur table. Il les salua et s'assit.
Un elfe originaire de l'île entra précipitemment avant qu'il eut le temps de parler et la nouvelle qu'il divulgua sembla faire forte impression. Les gens se mirent à maugréer et les conversations se firent plus sonores.

Intrigué, Dreyan délaissa ses compagnons et s'approcha de la table voisine.
-Excusez moi, que ce passe-t-il pour causer un tel désagrément?
-Les Dröls on attaqué un autre village sur une île au nord ouest.
-Les Dröls?
-Ces maudits mangeurs d'algues. Tout le monde sais bien qui ils sont.
-Désolé mais j'arrive de loin et je ne connais pas la région.
L'elfe le détailla et eu une moue méprisante.
-Ah, je vois vous venez du continent.
Ignorant la remarque désobligeante, Dreyan continua:
-Qui sont ils exactement?
-Des elfes dégénérés. Ils ont le teint pâle et des pustules partout, ce sont des barbares assoiffés de sang. Il serait temps que la reine se décide à les exterminer un bonne fois pour toute.

Se doutant qu'il n'obtiendrais pas d'autres informations dignes de foie, il retourna à sa table et commanda une biere régionale.
-Je suis prêt à parier que celui la n'a jamais vu le moindre bout de Dröl de sa vie, il est impossible que des Elfes puissent ressembler à cela. Je serais curieux de me renseigner aupres de sources plus précises. Cela vous dirait-il de finir de visiter cette ville avec moi? Nous pourrions en profiter pour creuser le sujet apurès de sources plus sûres.

Les trois compagnons finirent leurs boissons et s'en allèrent apres avoir payé.
La ville était un immense enchevetrement féérique. Les arbres et les lianes se mêlaient pour batir d'immense structures à couper le souffle.
Ici elles se rejoignaient telles les mains de deus amants entre deux arbres, formant un pont vivant, là un grand Pin des Mers se dresssait en une flèche sans fin, géant parmi les géants,surplombant son quartier et ridicule à coté du suivant. En dessous de nombreux chenes, ifs, noyers et tilleuls formaient un tapis, recouvrant le sol de leur ombre. L'air embaumait l'humus frais, travail de dizaines de centaines d'arbres et du temps, inlassables. Les elfes avaient intégré leurs maisons à cet environnement. Un tunel d'entrée jaillissait d'entre deux racines, la maison se lovant entre elles. Un peu plus loin, une autre en tapis de feuilles et d'herbes était suspendue, nid parmis les branchages.
Ils arrivèrent devant la bibliothèque. C'était une structure a plusieurs étages, répartie sur plusieurs arbres.
-Il me semble que ce peut être un bon endroit pour quérir des renseignements.
Ils entrèrent dans le batiment et demandèrent à un des bibliothéquairs où ils pourraient trouver une encyclopédie. Celui ci les mena, dans le silence, parmi les immenses rayons. Des échelles roulantes étaient fixées, permettant d'accèder aux plus hauts de ceux ci. Leur guide s'arrêta devant l'une d'elle et y grimpa pour leur tendre un énorme ouvrage relié en cui d'un animal marin inconnu d'eux. Ils le remrcièrent et s'assirent à une table. Eralanth ouvrit le volume. Arrivés à Dröl, il y avait une image d'un elfe nu, se différenciant d'eux uniquement par la couleur de sa peau légèrement bleutée. Un autre à coté avait quand à lui des reflets verts. De petites plaques d'écailles apparaissaient discrètement ça et là.
D'après l'encyclopédie, ils étaient un peuple d'elfe ayant émigré dans la région plusieurs siècles avant le peuple de leurs hôtes.
-En tout cas, ce qui est certain, c'est que celui de l'auberge ne savais pas de quoi il parlais.
Avisant le bibliothéquaire, il le questionna:
-J'ai entendu dire que les Dröls avaient ENCORE attaqué un village. Pourquoi vous en veulent ils?
L'elfe le regarda d'un air peu amène mais répondit quand même.
-Depuis quelques mois, les cinq artefacts auquels ils vouent un culte fervent leur ont été dérobés et ils sont persuadés que nous sommes les responsables de leur malheur.
Dreyan le remercia et pris congé de lui.
-Eh bien, voila un moyen de négocier notre liberté, nous pourrions nous proposer pour aller la bas en tant qu'émissaires. Qu'en dites vous?
Les trois elfes étaient encore en train d'en discuter dehors quand un contingent de gardes arriva et stoppa devant eux. Un gradé s'avança.
-La reine veut vous voir, veuillez nous suivre.
Il fit demi tour sans même prendre le temps de voir si les étrangers obéissaient. Eralanth, Zirria et Dreyan lui emboiterent le pas, encadrés par les gardes.
Dreyan se tourna vers les autres:
-Je crois que la question est réglée, à la tête de cet elfe, il va falloir défendre notre peau coûte que coûte.

Un frisson glacé parcouru le dos de Zirria quand les gardes avaient si subitement fait interruptions dans la bibliothèque si calme. En fait, ils n’étaient pas si arrivés brusquement, et n’abordaient même pas un air hostile, mais la jeune Elfe n’était pas du tout habitué à… la vie. Elle se blottit contre Elaranth en regardant un soldat, effrayée. Celui-ci la regarda d’un drôle d’air avant de leur tourner le dos. Il n’avait pas l’air de les porter dans son cœur. Zirria se demanda intérieurement dans toute sa candeur ce qu’elle et ses compagnons avaient bien pu faire pour être ainsi traités. Elle avait déjà oublié qu’ils avaient participé à l’évasion d’un criminel, à la cité des Elfes, sur le continent. Résignée, comme ses compagnons, elle fit quelques pas à l’avant.

-Je crois que la question est réglée, à la tête de cet elfe, il va falloir défendre notre peau coûte que coûte.

Zirria frissonna de nouveau. ‘’Défendre notre peau coûte que coûte?’’ Elle jeta vers Dreyan un regard apeuré. Mais elle fut rassurée quand elle se rappela que ses deux amis étaient des dragonniers, guerriers d’élite. Elle respira mieux, mais tremblait à l’idée d’un bain de sang.

Ils suivirent donc les quelques gardes aux cheveux d’ébène dans superbe ville. Le soleil montait paresseusement dans un ciel rosé, et les rues étaient peu passantes. Les quelques habitants qu’ils croisèrent les regardèrent passer curieusement, certains avec une légère moue hautaine. Zirria ne le remarqua même pas.

Personne ne dit mot pendant qu’ils arrivaient devant le palais, où ils avaient rencontré la fille du roi la veille. Toujours escortés, on les conduit de nouveau à l’intérieur de la salle du trône. On aurait dit que rien n’avait changé depuis leur dernière visite. Un doux bruit de harpe emplissait toujours l’espace. Ce n’était que la robe de Rose, la première fille du souverain, qui était différente, couleur argentée. Elle semblait les attendre. Zirria la regarda, partagée entre l’inquiétude et l’admiration. Ses lèvres rouges ne souriaient pas, mais aucune colère ne se lisait sur son visage. Elle leur parla d’une voix claire.

- Dragonniers et jeune Elfe du continent.

Ils baissèrent la tête en guise de salutation et de respect.

-J’ai su que vous êtes au courant pour l’attaque des Dröls sur nos villages des îles plus isolées, et des raisons qui les poussent à agir ainsi.

Les trois se regardèrent surpris. Comment la future souveraine pouvait-elle être au courant de ce fait? Celle-ci ne fit pas de cas de leur questionnement évident.

- Nous avons mené enquête, et l’histoire des artéfacts volés des Dröls est véridique. Nous avons tenté de négocier avec ce peuple pour le moins étrange, mais ils ont refusé, et persistent à croire nos communautés coupables de leur malheur. J’ai donc un marcher à vous proposer, fit-elle.

Les oreilles pointues se dressèrent. ‘’Pauvres Dröls’’, songea Zirria.

-Actuellement, l’armée des îles se trouve assez occupée, et nous n’avons presque pas de dragonniers. Je vous charge donc de rechercher les artéfacts Dröls, et de les rapporter à leurs propriétaires.

Cette phrase fut suivit d’un long silence pendant lequel elle les regarda tour à tour. Tous ici avaient bien conscience du danger que représentait une mission pareille. Et les informations étaient si vagues. Comme si elle lisait dans leur esprit, Rose reprit :
-Il s’agit des seules informations que nous aillons à notre disposition.
Nouveau silence. Beaucoup trop vague, en effet. Qui? Où? Pourquoi? Comment?

-Inutile de vous préciser que vous n’ayez pas vraiment le choix. Vous êtes toujours prisonniers. Je vous demanderais donc, si vous acceptez, de prêter serment.

- On a toujours le choix, il en est seulement qui sont moins agréables que d'autres. Cependant, je pense que nous allons accepter votre proposition.
Dreyan se retourna vers ses compagnons qui acquiescèrent d'un mouvement de tête commun.
-Bien, nous prêterons donc serment.
Ce qu'ils firent immédiatement sous l'insistance de la souveraine.
-Si je puis me permettre, il nous faudrait des fournitures pour entreprendre un voyage aussi risqué... Nous n'avons pas les moyens de vous acheter tout ce dont nous risquons d'avoir besoin.
-En effet, Je vous octroie la somme de sept-cent cinquante pièces d'or chacun pour vous équiper Totalement. Bien sur, l'or non utilisé nous reviendra et nous garderons les affaires qui risquent de vous encombrer jusqu'à ce que vous reveniez.
Rose fit un signe à l'un des gardes qui apporta trois bourses et les leur remit.
Les trois compagnons la remercièrent , s'inclinèrent et partirent.

A la sortie du palais, Dreyan repris la parole.
-Il va falloir jouer serré, si quelqu'un sait par où commencer... En attendant, je propose que nous nous partagions les taches, la bibliothèque peut peut être nous servir encore et il faut acheter des provisions et du matériel, Zirria, peut tu t'occuper des provisions s'il te plait ?
-Je propose de m'occuper de la bibliothèque, tu n'avais pas l'air très à ton aise tout à l'heure, lança Eralanth sur le ton de la plaisanterie.
Dreyan rougit légèrement mais se repris rapidement
-C'est vrai, un rat comme toi dois mieux s'y connaitre dans les vieilles feuilles comme celles ci, Vendre une si belle armure pour cent petites pièces d'or... rétorqua l'elfe en se lamentant . Je m'occupe donc du matériel, c'est dit. rendez vous dans quatre heures devant notre "prison".
*-Tenez vous prêts Yrkschys, nous repartons bientot
-Enfin! Les elfes écailleux n'ont pas très bon gout, il était temps que vous reveniez.
-...*

Le soleil baissait sa garde lentement sans toutefois perdre de sa chaleur, laissant des rayons rougeoyants s'emparer du ciel.

Le jeune homme avait entendu parler des célèbres marchés de l'île dont la grandeur était bien connue et sa qualité incontestable. On y trouvait de tout : nourriture, armes, vêtements, bijoux... Une véritable mine d'or.
Velek était donc venu par bateau pour l'histoire d'une semaine tout au plus ; il devait se trouver une nouvelle dague et plusieurs lui avaient conseillé d'aller voir Grimlin, un vieux marchand sénile mais ô combien connaisseur dans la région de Ceana.

Il passa plusieurs heures à marchander, soucieux d'acquérir la meilleure lame qui soit et quand il sortit de la boutique, il décida de vadrouiller un peu pour se changer les idées et profiter de l'air iodé de l'île avant de retourner sur le continent. Il se faufila à travers la foule, caché sous son habituelle tunique vert foncé à capuchon qu'il arborait par tout temps. Ses yeux de jade furetaient, aussi perçants que redoutables. Il se plaisait, fondu dans la masse indistincte et bruyante composée de plusieurs sortes d'individus, allant du simple humain à l'Elfe majestueux. Velek appréciait pouvoir passer inaperçu parmi tous ces êtres diversifiés.

Tout en marchant, son attention fut attirée par une jeune Elfe qui avait l'air plus pressée que les autres. D'apparence elle avait l'air plutôt jeune et Velek se demandait bien ce qui pouvait l'amener à acheter autant de provisions. Ses bras chargés l'empêchaient d'être libre de tous ses mouvements, mais elle gardait néanmoins la grâce naturelle de sa race.
L'humain la suivit de loin, intrigué par son attitude enjouée et, il devait l'avouer, par sa beauté elfique. De toute façon, il n'avait rien d'autre à faire, il ne lui restait que deux jours avant que la navette ne reparte pour le continent et mise à part le marché qu'il commençait à connaître, il n'avait rien prévu d'autre.
La voilà qui s'aventure dans les ruelles sinueuses. Elle m'a l'air bien trop déterminée pour quelqu'un qui vient simplement faire ses courses.
Il rabattit d'avantage le capuchon de sa tunique sur ses yeux et s'engagea à la suite de l'Elfe entrainé par la curiosité et un goût prononcé pour l'aventure, en prenant garde de rester bien en retrait.

Il fut surpris lorsqu'elle s'arrêta brusquement. Il n'y avait personne alentours et elle semblait attendre quelqu'un. Velek n'avait pas parlé à quiconque depuis sa visite, hormis avec les marchands. Sa timidité commençait à le peser.
Ma foi, un peu de bavardage ne me ferait pas de mal, en outre elle a l'air plutôt inoffensive.
Il sortit alors de la pénombre et s'avança en direction de la jeune Elfe. Par réflexe, il saisit la garde de son épée sous sa tunique, méfiant ; il avait appris à ne faire confiance à personne, surtout pas de ceux qui en apparence pouvaient se montrer bienveillants...

Doucement, il se posta derrière elle et lança après s'être éclaircit la voix :

- Bien le bonjour jeune demoiselle, auriez-vous par hasard besoin d'aide ?

Zirria avait été bien soulagée de retrouver son chemin. Elle n'aurait pas voulu que les deux dragonniers ne la retrouvent perdue, errante dans les rues de Caena. Non, ils allaient être fièrs d'elle. Debout près de leur ''prison'', sous l'arbre, où ils avaient convenus de se retrouver, elle attendait en souriant. À cet endroit, la nature était tout-à-fait en harmonie avec les habitations. Le temps était si beau!

- Bien le bonjour jeune demoiselle, auriez-vous par hasard besoin d'aide ?

Soudainement, Zirria se retourna. Elle vit le jeune humain, et le fixa quelques secondes.

C’était la première fois qu’un inconnu lui adressait la parole comme ça, étant seule, lui en premier. Il n’y avait plus son grand-père, il n’y avait plus Elaranth ou Dreyan à ses côtés. La jeune fille ne savait pas trop comment réagir. Sans rien dire, elle l’observa des pieds à la tête. Ses cheveux étaient presque de la même couleur qu’elle, mais mois longs, et joliment ondulés. Ce qu’elle remarqua le plus, c’était ces yeux verts. Elle les fixa quelques secondes, et fut réellement fascinée. Pas gênée le moins du monde, juste intriguée. En effet, elle ne savait rien des conversations dites ''civilisés’’ dans le monde ordinaire. C’était des yeux… troublants. Comme elle n’en avait jamais vu. Mais ces iris couleur forêt, pourquoi étaient-ils si distincts?

-Oh…, arriva-t-elle à dire sans le quitter du regard.

Elle avait déjà oublié la question du jeune humain.

Puis, elle aperçut, perché sur son épaule, un magnifique oiseau vert et bleu. Un sourire éclatant étira ses lèvres. Enfin voilà quelque chose que Zirria connaissait! Pour un instant, elle délaissa l’homme devant elle, et s’adressa directement à l’oiseau. Elle se sentit naturellement à l’aise avec le volatile : jusqu’à présent, dans sa jeune vie, elle avait conversé avec des dizaines d’oiseaux, et si peu de personnes!

-Bonjour! Tu es si beau! C’est ton ami? Il est très joli, lui aussi, vous allez bien ensemble. Que faites-vous ici?

Malgré le trouble de l'elfe, Velek ne cilla pas et la laissa placidement plonger son regard dans le sien, bien conscient de l'effet qu'il produisait. D'ailleurs, il avait du mal à l'expliquer ; il s'était toujours demandé pourquoi ses yeux inspiraient tant de malaise, ou de fascination. Peut-être n'est-ce tout simplement que le fruit de son imagination, pourtant peu développée.
En outre, il en profita lui aussi pour contempler le bleu de ses yeux : la candeur se lisait dans leur pâle lueur, une lueur qui fit soudain ressurgir certains souvenirs : l'enfance, les rêves, l'innocence... Le passé nous révèle parfois des souffrances qu'il vaudrait mieux parfois ne pas déterrer.

-Bonjour! Tu es si beau! C’est ton ami? Il est très joli, lui aussi, vous allez bien ensemble. Que faites-vous ici?

Le brouillard de ses pensées s'estompa au son de la voix cristalline de la jeune elfe. Un peu perdu, il se demandait à qui elle s'adressait. L'intonation était différente de l'ordinaire, un peu comme une mélodie à peine chantée. C'était d'ailleurs plutôt plaisant à entendre. Il ne tarda pas néanmoins à se rendre compte qu'elle parlait à Hyrrokin, ce vieux chenapan. Perché sur son épaule comme d'habitude, il savait rester discret lorsque Velek conversait. Tout comme lui, il était d'un naturel timide et s'approchait peu des autres individus, encore épris par une certaine sauvagerie. Ce fut donc avec un grand étonnement que Velek le surprit à voleter autour de la jeune elfe. Il s'approchait, puis s'éloignait, revenait, parfois tout près en attrapant au vol quelques mèches rebelles de l'elfe, puis repartait. Il cherchait sans doute à comprendre qui était cette étrange humanoïde qui s'adressait à lui avec une telle simplicité. Jusqu'à présent, il n'avait jamais parlé qu'aux autres membres de son espèce animale.
L'humain resta pantois devant cette danse étrange, il n'avait encore jamais vu son compagnon réagir ainsi et il ne cacha pas sa surprise.

- Je crois bien que vous lui plaisez mademoiselle, annonça-t-il. Cette canaille d'Hyrrokin a pour habitude de ne jamais s'approcher d'aussi près d'un inconnu. Vous êtes sans doute l'exception à la règle, dit-il avec un rare sourire, mais sincère.

Hyrrokin cessa son rituel pour revenir se poser sur l'épaule de Velek. Il fixa intensément son interlocutrice en penchant la tête de part et d'autre, puis regarda son ami comme pour lui demander qui pouvait donc bien être cette étrange personne à la voix d'oiseau. Mais il n'eut pour réponse qu'un sourire amusé de la part de l'humain qui n'avait jamais autant exprimé son émotion en présence d'un inconnu.

- Tu n'as donc qu'à lui demander toi-même ! répondit Velek avec une once d'humour.

Mais la timidité de l'oiseau revint très vite au galop et il se nicha dans la tunique de Velek avec célérité, lové contre le torse de son ami. L'humain leva les yeux aux ciel et s'adressa à l'elfe avec déférence :

- Je vous prie de l'excuser pour sa timidité maladive ainsi que pour son petit manège. Nous n'avons à vrai dire jamais eu l'occasion de rencontrer d'humanoïde capable de parler aux oiseaux, avoua-t-il un peu confus. Ah mais quel impoli que je suis, je n'ai même pas eu la délicatesse de me présenter...

Je ne pense pas que lui révéler mon identité soit un danger, elle n'a pas l'air d'avoir de mauvaises intentions.

- Je me nomme Velek Malwin et mon compagnon Hyrrokin, dit-il en désignant l'oiseau encore enfoui dans sa tunique. Nous sommes venus sur cette île pour les célèbres marchés afin d'effectuer quelques achats. J'ai vu que vous étiez assez chargée alors, ayant terminé mes affaires je me suis permis de venir vous proposer de l'aide.

Hyrrokin osa sortir un petit bout de bec en dehors de son refuge de fortune, tout de même encore bien intrigué par sa découverte.