Où était-il ? Mais où était-il ? Maeth avait épuisé ses forces mentales à force de l'appeler. Mais il n'abandonnait pas. Il passerait sa vie à le chercher s'il fallait. Il ne lui accorderait pas un telle victoire. "Tu ne t'en sortiras pas si facilement, mon beau..." Quand s'étaient-ils perdus ? Le dragon noir ne s'en souvenait pas bien. Au cours d'une chasse, au cours d'un jeu... A massacrer des innocents, ils avaient été poursuivis. Un coup à l'aile, il était tombé. Loin de lui. Parti en vrille, ils avaient été séparés. Chacun, enfuis dans un Monde... Sa voix s'était tue. C'était peut-être ça. Mais le Dragon n'avait pas abandonné. Il passerait toute la forêt à l'acide, s'il le fallait. Il parcourerait tous les Mondes, la moindre parcelle, détruirait tout... jusqu'à ce qu'il réponde, jusqu'à ce qu'il se présente à ses yeux.
Les crocs se dévoilèrent sur un grondement. Un sourire. Un indice ? Maeth amorça sa descente. Un nid. Et pas un petit. Des Dragons, par dizaines. Tous, avec une caractéristique si particulière... Il les connaissait. Il en avait tellement entendu parler... Et il les haïssait. Ce clan avait voulu le voler... Aucun écho. Personne ici ne lui répondrait. Les reflets de leur esprits ne correspondaient pas. Aucune perte. Il pouvait donc se défouler... se venger... Enfin.
Le Noir était encore loin. Même si les Dragons l'avaient repéré, il ne représentait pas une menace. Que croyaient-il ? Une pluie d'acide s'abattit sur les sentinelles, éparpillée par la hauteur et le vent. Cet environnement était l'allié de l'Exterminateur. Tous les Dragons qui se trouvaient dehors furent aspergé de ce poison mortel, lâché en grande quantité par la gueule vengeresse du Dragon Noir. Mais pouvaient-ils deviner d'où venait ce danger ? Ils tombèrent, tous, les uns après les autres, les écailles désintégrées, la chair percée par les gouttes agressives.
Le Tueur siffla, cachant ses crocs uniquement lorsque plus aucun mouvement ne fut visible. Tous les Dragons n'étaient pas morts. Une partie se cachaient encore dans les grottes, révélées par la végétation parsemée, brûlée par la pluie acide. Ils n'étaient pas si bêtes, ils ne sortiraient pas avant de savoir tout danger écarté. Les leurs avaient été vaincu si facilement... Un grand mystère : que s'était-il passé ? Mais Maeth n'allait pas attendre qu'ils trouvent le courage - ou la curiosité - d'aller voir... Il piqua.
Son corps était massif, mais assez petit pour permettre une trajectoire précise. Il entra directement dans la plus grande des grottes, la courbe le ralentissant à peine. Il entendit les cris mentaux et les appel désespérés mais il y était insensible. La surprise et la terreur ne lui opposait aucune résistance. Il fauchait tout ce qui se présentait, arrachait les têtes, broyait les chairs qui avaient le malheur de passer à portée. Pour la plupart, des enfants, des femelles. Rien à faire. La Mort se présentait devant chacun d'entre eux, défonçait la porte sans même avoir le tact d'y frapper. Mais il frappait. Sur son passage, il ne laissait que sang et désolation, se repassait du liquide qui coulait sous ses crocs, se nourrissait de la chair et de la peu de ses confrères. Il vivait pour cette sensation. Ses écailles noires comme la nuit se coloraient, d'un vermeil mat et étrange.
Finalement, les cris se turent. Pourtant, Maeth n'avait pas nettoyé toutes les galeries. De là où il venait, ne restaient que des cadavres... et un silence effroyable, qui impressionnerait n'importe qui d'autre que lui. Le Noir savait... il savait qui il restait à éliminer. Le grand, les forts... Mais ce n'était pas sa tâche. Un autre voudrait sans doute y passer. Cela serait sa revanche, propre. Il avait élagué les alentours, sa tâche serait facilitée. Mais il lui en voudrait certainement de lui voler sa vengeance... Alors, il lança une provocation à tue-tête, sa voix mentale semblait résonner dans les grottes vidées de leurs vies.
*Ce n'est pas moi qui te tuerai ! Mais en attendant de voir ta Mort venir, vis avec l'horreur d'avoir vu les tiens tomber ! Tu es lâche, de n'être venu les sauver ! Tu vivras et mourras à jamais seul !*
Puis, sans attendre que quiconque lui réponde, Maeth glissa vers la lumière. Il avait été entendu, c'était inévitable. Il restait les chefs, les mâles qui se croyaient tous puissants... Et le plus fort d'entre eux... "Je te le laisse..." Le Dragon Noir s'envola, laissant derrière lui une portion de forêt dévastée, aucun regret. Le Clan de la Lune n'était plus.
Sujet: Etrange vengeance 
Dim 1 Fév - 16:30
