Valdyr...

Il n'était pas encore midi quand Orion survola le château de Valdyr... Pendant le trajet il avait essayé de remonter le moral de son petit passager. Cela avait assez bien marché ; Slevin ne souriait pas, mais la tristesse avait quitté ses yeux...
Le dragon annonça fièrement :

- Nous y sommes !

Il entama un atterrissage en piquet , et se retrouva bientôt dans la cour haute du château... Un garde vint l'accueillir, assez chaleureusement !

- Que nous vaut votre visite, sire dragon ?

- Je viens vous apporter un petit pensionnaire, Slevin Theosön ! Votre maître à une redevance à l'égard de son grand-père, et donc celui escompte que vous preniez soin de l'enfant, pendant un temps pour l'heure indéfini...

Le garde, au service des Du Valdyr depuis un certain nombre d'années, avait vaguement entendu parlé de cette histoire...

- Bien, je vais guérir mon maître !

- Oh, ne vous donnez pas cette peine ! Je m'en retourne sur le champs ! Amenez-lui simplement cet enfant !

Slevin ne voulait pas voir repartir son ami, c'était la dernière chose qui le rattachait à son monde d'origine !... Mais il savait bien que le dragon ne changerait pas d'avis...

- Au revoir, Orion...

- A bientôt jeune Slevin ! Je pense te voir changer quand nous nous reverrons !...

Et le dragon d'émeraude s'envola...

- Allez viens petit ! Le seigneur du Valdyr est très gentil !

La garde prit la main du petit garçon, et il l'emmena aux appartements du maître des lieux...

Slevin n'avait pas beaucoup parlé, il avait juste dit son nom et avait donné la lettre qu'Ossain avait écrite à l'intention du seigneur du Valdyr.
Celui-ci l'avait lu, avait adressé un large sourire pour réconforter l'enfant, et lui avait dit qu'il n'y avait aucun soucis, qu'on allait lui donner une chambre.
Le garde avait escorté le petit garçon jusqu'à une petite pièce, voisine des appartements du fils du seigneur.
Le mobilier était simple mais coquet : un lit à baldaquin, une petite commode ouvragée avec des petits lapins sculptés sur les tirroirs, un tabouret, un écritoire, et, objet de luxe ! une petit glace !

- Tu peux ranger tes petites affaires dans la commode ! Et le fils de notre seigneur est absent pour l'instant, donc tu peux aller jouer dans ses apparements si tu veux ! Tu pourras regarder, sur une étagère, il y a ses anciens jouets, tu pourra t'amuser avec si tu le souhaites, il n'y verra aucun inconvenient !

Slevin remercie le garde par un léger sourire, à peine esquissé...

- Bon je te laisse t'installer !

Il sortit. Slevin resta debout, face au lit à baldaquin. Il commença à défaire son maigre bagages, mais fondit en sanglots...
Quand il les eut calmés, il rangea ses vêtement dans l'armoire, et posa ses petites bricoles dessus...
Il resta ensuite assis pas terre, le dos contre le mur, serrant contre lui le petit cheval de bois sculpté que lui avait jadis fait son grand-père...

Ce fut une jeune cuisinière qui vint troubler la solitude du jeune enfant :

- Et bien ! Qu'est-ce que tu fais ici tout seul ? Ça va être l'heure de manger ! Viens dans la grande salle, tu y seras mieux...

Slevin répondit dans une phrase étouffée :

- J'ai pas faim, je préfère rester là...

La jeune servante se pencha, regarda la petite frimousse qui se dissimulait derrière ses genoux repliés, et sourit...

- Tu me rappelles mon frère... Il été aussi sauvage et tendre que tu l'es... jusqu'à ce qu'il soit emporté par la maladie, l'hiver dernier...

La jeune fille resta perdu dans le songe de ses souvenirs un instant, puis reprit :

- Bon, ce n'est pas le moment de te laisser aller petit ! Tu es trop jeune pour être mélancolique !

Slevin ignorait le sens de ce mot, mais à l'entendre il sonnait comme péjoratif...

- Allez ! Viens avec moi !

Elle le prit par la main, et l'emmena vers la sortie. Au passage, Slevin posa le petit cheval sur la commode...
Ils se dirigèrent vers la salle à manger du château...

Gaeth arriva en plein milieu du repas... Habituellement, il aurait eu droit à de vives reproches, mais aujourd'hui on ne fit même pas attention à lui... Les pillages qui avaient eus lieu au nord du fief occupaient tous les esprits... Le jeune seigneur s'assit à sa place, devant laquelle une assiette avait été disposé est remplie... C'est alors qu'il remarqua le jeune enfant qui se tenait assis, à gauche du capitaine de la garde, et à sa propre droite...

- Bonjour, je suis Gaeth. Qui es-tu ?

Slevin releva la tête vers son interlocuteur avec un sursaut... Il le regarda, de ses grands yeux légèrement mal à l'aise dans ce lieu inconnu, et ne répondit pas... Sa main tremblait...

- Il s'appelle Slevin Theosön...

C'était la jeune servante qui avait parlé...

- Ah je vois ! Merci Celyane...

... répondit le jeune homme avec un grand sourire. Ce nom ne lui était pas étranger...

- Tu es arrivé il y a peu, je suppose... Valdyr te plaît ?...

Encouragé par le regard doux de Gaeth, Slevin répondit :

- Oui... mais je préfère chez moi...

- Et où habitais-tu ?

- Dans le monde des dragons... au pied de ma montagne...

Pour tenter de mettre à l'aise le garçon, Gaeth sourit de plus belle et posa sa main sur sa tête :

- Si tu le souhaites, je te ferai visiter le Valdyr !...

L'enfant remercia d'un regard et d'un sourire, le premier qui se dessinait sur ses lèvres depuis qu'il était arrivé...

- Alors mon fils, quelles sont les nouvelles de l'Orbescence ?

- Le seigneur a eu un accident de chasse qui lui a coûté la vie... Sa veuve assure l'intendance... J'ai fait la connaissance d'une dragonne bleue... Mais apparemment, nous ne sommes pas les seuls touchés...
Comme nous le redoutions, les ravages s'étendent sur les cinq mondes...

- Mhm... Tu comptes repartir ?

- Oui, Dame Nirante me convie à son dîner...

- Bien, tu lui transmettra mes condoléances, même si je ne portais pas son époux dans mon coeur, c'est l'usage...

Le repas se termina dans un mélange de conversations à propos d'une hypothétique menace, d'un complot de magie noire et d'une vengeance divine...
Gaeth finissait son verre, quand il se rendit compte que Slevin avait déjà quitté la table, sans qu'il ne s'en aperçoive.. Il se leva donc, et partit en direction de ses appartement, afin de changer de tenue, celle qu'il portait était couverte de poussières des chemins...
Il passa par sa chambre pour ôter ses vêtements, et alla ensuite dans sa pièce qui servait de bureau. C'est là qu'il retrouva Slevin, qui ne l'ayant pas entendu entrer fit littéralement un bond en sentant une main se poser sur son épaule... Et peut-être que le fait que Gaeth était en sous vêtement n'arrangeait pas les choses...

- Je suis désolé... je...

- Désolé ? Mais de quoi ?

Slevin contemplait l'étagère sur laquelle le jeune homme avait disposé ses anciens jouets... L'enfant était au bord des larmes...

- Tiens !

Il prit les petits cavaliers de plomb et les tendit au garçon.

- Qu'au moins ils resservent !

Slevin osa à peine les prendre, murmurant un inaudible "merci", visiblement extrêmement touché de la gentillesse de Gaeth...
Celui-ci réalisant sa condition vestimentaire, s'habilla et ébouriffa les cheveux du gamin.

- Je dois déjà me remettre en route, mais je devrais être de retour ce soir ! En attendant cette pièce est la tienne et ses objets les tiens !...

- Merci...

Gaeth donna une mégère tape amicale dans le dos de Slevin est sortit retrouver Baldrik, pour se remettre en route...
Slevin demeura debout au milieu de la pièce, puis finit tout de même par s'asseoir au bureau et commença à faire vivre les petites figurines de plomb...

Slevin avait dormi comme un nourisson dans son berceau... Le lit qu'on lui avait assigné était confortable, les draps doux et soyeux, et l'oreiller moelleux à souhait !
Le garçon se leva, enfila ses braies, accrocha ses sandales, passa sa chemise, et quitta sa chambre.
Les premiers rayons de ce soleil d'été l'avaient tirés du sommeil, mais il comptait profiter de l'aurore pour découvrir un peu mieux le Castel...
Ses pas le conduisirent dans des couloirs qu'il n'avait lors pas encore vu, mais suivant son intuition, il descendit les escaliers en colimaçon jusqu'à se rendre dans la cour haute.
L'air était frais mais bon, et vivifiant !
Slevin respira et songea à son grand-père ; là-bas, quelque part dans un autre monde...
Il fut tiré de sa rêverie par un élément qui attira son attention, et décida de regarder la chose de plus près...

-> suite "petite visite du Valdyr"

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