La cérémonie

Vous allez peut-être me trouver un peu... evil ( )mais que voulez-vous, un drow est un drow!


Il courrait, depuis une bonne demi-heure qu’il courrait sans cesse. Peu de gens en serait capable, vu son allure extraordinairement rapide. Mais cet être était nul autre qu’un Elfe. Ses ennemis l’avaient pris en chasse, et ne lâchaient pas prise. C'est vrai qu'uil était plutôt visible avec son armure et sa grande cape verte! Paniqué, il regarda autour de lui, chercha une façon de s’enfuir. Rien d’autre que des rochers et des rochers noirs dans la nuit. Il était dans le désert.

Quelle idée de faire le téméraire! On ne lui reprendrait plus! La veille, il s’était risqué, avec quelques-une de ses amis à accepter le paris d’un de ses rival. : passer une journée dans les territoires de l’Ombre! C’est vrai qu’il était encore jeune, et n’avait pas acquis son maximum de sagesse, mais leur petit groupe s’était vraiment pensés capable…
En fait ils s’étaient tôt fait repérés. Il ne savait pas ce qui le poursuivait. Il n’avait vu que des Ombres dans le noir. Et ils le suivaient. On l’avait séparé de ses amis quand il s’était mis à courir. Juste avant, quand ils se sont rendus compte du danger, ils s’étaient mis en position d’attaque. Il savait qu’au moins trois de son groupe avaient été tués. Les autres? Il l’ignorait. Il avait profité d’une brève brèche entre deux Ombres pour prendre ses jambes à son coup. Mais, peine perdue, en courrant, ses poursuivants l’avaient forcé à s’éloigner de la sortie de ses lugubres terres.
Avec une agilité extraordinaire, il sautait de rocher à rocher. Il se retourna, sans ralentir : ils le talonnaient. Il commençait à craindre que c’en était fini pour lui…
Puis, un peu d’espoir revint dans son cœur. Il reconnu au loin, avec ses yeux perçants, la route qu’il avait emprunté, auparavant. La sortie était donc par là! Il accéléra. Mais au moment ou il crut pouvoir se sauver…
Deux personnes, vêtus du longs manteaux sombres lui barrèrent soudainement le chemin. Il s’arrêta net, surprit. Et voilà. Dans le temps de le dire, il était entouré…
Il observa mieux les personnages. Des yeux brillants, une chevelures blanche… L’elfe agrandit les yeux de peur. Des Drow! Les pires ennemis héréditaires de sa race! Ils allaient le massacrer!

L’un d’eux s’avança sans presse vers lui. Le fugitif garda le regard fier malgré sa terreur. Un mauvais sourire se dessinait sur le visage de l’autre. Le Drow se pencha sur lui, le regarda droit dans les yeux.
-Bonjour…, lui murmura-t-il.
L’Elfe ne broncha pas.
-Quel est ton nom ?, lui demanda-il tout aussi doucement.
Le prisonnier lâcha rudement :
-Qu’importe mon nom?
-Donne-moi ta main…

L’Elfe ne savait pas quoi faire. Hésitant, étant donné qu’il n’avait pas le choix, il tendit sa main tremblante. Le Drow la prit délicatement tandis qu’un autre attrapa son épée. Ils semblaient se réjouir de sa crainte.
-Tu nous a fait courir…
-…
-Dis-moi, es-tu un espion? .
L’Elfe n’en pouvait plus de ces murmures que ses attaquants lui adressaient tout souriants. Il ne dit rien. Alors, le Drow lui cassa d’un geste vif un doigt. L’Elfe cria.
-Alors, es-tu un espion?
-NON! Ahhh..
Le geôlier se tourna vers un des siens.
-Il ment?
-Hum… Difficile à dire… Je pense que oui.
Le Drow lui cassa un deuxième doigt. Il tente de retirer sa main, mais l’autre la tenait fermement.
-AHHHH! NON! JE LE JURE!
-Bien. Alors dans ce cas…

Quelqu’un le frappa derrière la tête et il sombra dans le noir.

La nuit était sans lune. C’est durant des nuits comme celle-ci que le clan de Karal se réunissait parfois pour une cérémonie. Comme maintenant. Le ciel était découvert et brillaient un nombre incalculable d’étoiles. Tout était baigné d’ombre. Mais Karal, tout comme les autres membres de son clan réunis en ce lieu lugubre n’avait pas la moindre difficulté à y voir clair. Parce qu'ils étaient des Elfes noirs, que certains nomme aussi avec crainte des Drows. En fait, c’était surtout les Elfes qui les appelaient ainsi à cause de la légendaire haine que ces deux races pourtant semblable se portent depuis des milliers d’années. Ils n’aimaient pas penser avoir un lien de parenté avec ces êtres si fourbes, vils et infâmes.

N’importe quel humain n’aurait aperçu dans cette sombre clairière qu’une trentaine de têtes dont les cheveux blancs se balançaient au vent. Et aussi peut-être les reflets des deux torches flamboyantes sur le métal des armes que portaient nombre d’entre eux. Un faible grognement inquiétant se faisait entendre en retrait, ou se tenaient d’autres formes enveloppés de capes couleur d’encre, mais personne n’y prêtait grand attention. La majorité des Drows présents se tenaient plus ou moins en cercle au milieu de cette grande éclaircie, entre la forêt et une partie de désert rocheux et froid. Tout au centre, une large pierre plate et ronde. Elle était ornée de centaines de petits symboles, mais une partie était cachée. Un Elfe, normal cette fois-ci, était attaché dessus.

Il était vêtu d’une armure et d’une grande cape de velours vert. Il ne se débattait plus, car il y avait un moment qu’il avait comprit que cela était inutile. Il avait été capturé la veille, à une vingtaine de lieu de là. Il s’efforçait de rester calme, mais ses beaux yeux trahissaient une crainte immense. Il allait mourir. Karal le regardait de loin avec un sourire ironique. Elle haïssait ces sales Elfes, et en voir un crever ne lui déplaisait pas. En fait, leur seule utilité, s’ils en avaient une, était de se servir de victime lors de leurs fréquents sacrifices, selon elle!
Tout un coup, les quelques bavardement cessèrent quand les prêtres du clan s’avancèrent vers la pierre. L’un d’eux avait dans ses mains un poignard noir qui semblait absorber toute lumière. L’Elfe tenta une nouvelle fois de se défaire de ses liens en criant :
-LAISSEZ-MOI!

Les autres ignorèrent sa détresse. Le plus petit des prêtres lui trancha un index d’un coup sec, comme s’il avait répété ce geste d’innombrables fois. Le prisonnier poussa un hurlement de douleur. Karal regardait toujours sans broncher, comme les autres. Les prêtres prononcèrent alors plusieurs incantations en différentes langues que la jeune Drow ne pouvait parfois pas comprendre. Le supérieur, visiblement, leva les bras au ciel pendant que le chef du clan, un grand gaillard costaud paré d’argent les observait assis sur une haute chaise.

Puis, les incantation magique finies, le chef se leva et s’avança aussi vers le centre. Le pauvre Elfe gémissait, et sa respiration était bruyante et saccadée sous la souffrance. Alors, le chef se tourna vers Karal.
-Approche, lui lança-t-il.

Elle obéit et marcha dignement. En fait, tout le monde présents à ce sacrifice savait que cette cérémonie n’était pas ordinaire. Ils allaient confier une mission importante à un membre de leur groupe en plus d’initier une jeune Drow en tant qu’adulte à part entière et guerrière du clan. En temps ordinaire, elle aurait été terriblement nerveuse, ainsi qu’angoissé par cette cérémonie qu’on redoute, mais Karal avait apprit dès son plus jeune âge à contrôler ses émotions. N’importe quelle autre race l’aurait trouvé complètement insensible. Mais pour elle, c’était vital si elle voulait survivre; la vie dans les territoires de l’Ombre n’était pas facile.

Arrivée tout près de lui, Karal regarda son chef droit dans les yeux. Celui-ci répondit par un sourire mauvais. Elle resta de glace, attendant le «vrai» début de sa cérémonie.

Trop occupés à s'occuper de leur comparses, les deux Elfes restants n'avaient pas pensé ne serait-ce qu'à réfléchir à la cause de leurs tourments... Tout cela était bien intéressant... Tant du point de vue de la souffrance d'autrui que du comportement des autres vis-à-vis de celle-ci... Mais cela manquait un peu d'action... A cause du manque de cervelle de ses victimes potentielles, il était tranquille... Trop, justement. Finalement, Craz prit sa décision. Pour les deux autres, il allait agir à découvert... Se faufilant dans les fourrés, l'Elfe noir surgit devant les Elfes, à l'opposé de leur compagnons. Ces deux-là n'étaient plus aussi passionnants, chacun d'eux se vidant de son sang à qui mieux mieux... Et ainsi, les bien portants les laisseraient souffrir en paix...
Craz n'avait usé d'aucune discrétion pour sortir de sa cachette, les deux aventuriers le remarquèrent bien vite, et eurent tôt fait de comprendre qu'il était la source de leur malheurs. Ils se dirigèrent vers lui, sortant leurs armes respectives, s'étonnant de la jeunesse de leur ennemi, et du fait qu'il ne soit simplement armé que d'une dague... Il n'avaient en revanche pas saisi que l'Elfe noir s'était volontairement placé à découvert... Et ne pas connaître l'état d'esprit de l'adversaire était l'un des facteurs de la défaite... Ils auraient bientôt le loisir de l'apprendre... à leurs dépends.

L'Elfe noir n'avait pas bougé. Les Elfes, épées pointées sur lui, avançaient sur lui. Il restait impassible. Ils avaient peur, il le sentait. Il ne voulaient pas sous-estimer leur ennemi, aussi inexpérimenté qu'il puisse paraître. En ce sens, ils n'avaient pas tort, mais leur angoisse finirait par leur jouer des tours, ils étaient bien trop anxieux... Leur adversaire était au contraire bien sûr de lui... ce qui rajoutait encore à leur peur... L'Elfe noir resta complètement immobile durant toute la marche des Elfes, le vent ne semblait même pas faire onduler ses cheveux. Il poussa le vice jusqu'à les laisser lui plaquer leur deux lames sous la gorge... Là, il se mit à sourire. Simplement. D'un sourire magnifique selon les critères des drows, dévoilant toutes les dents, ce qui faisait ressortir les canines. Un sourire sadique qui faisait trembler n'importe quel adversaires... Et ceux qu'il avait en face de lui faillirent en lâcher leur arme... Mais Craz n'était pas déterminé à les laisser abandonner et perdre aussi facilement... Et pour cela, rien ne valait la provocation...

- Alors, mes choux ? Je suis seul, vous êtes deux. Je suis jeune, vous êtes expérimentés. Deux elfes seraient-il donc incapables d'abattre un de leur pires ennemis ? Je n'ai pas encore levé un pouce... Je me serais attendu à avoir d'ores et déjà la gorge transpercée...

Tout en disant cela, l'Elfe noir conservant un sourire ô combien exaspérant... Ses propos firent mouche. Un des Elfes jeta son épée sur lui. Les bras croisés derrière le dos, il n'eut même pas à se déplacer pour éviter le coup. Revenant à sa posture initiale, il haussa les sourcils à l'adresse du téméraire.

- Il faudra faire mieux que ça... Je ne suis même pas une cible mouvante !

L'autre s'élança. Il fut assez habile pour forcer Craz à faire usage de sa dague pour parer. Il la ramena devant lui, , bloquand la lame de son adversaire dans les croisillons de la garde. Puis il gratifia son adversaire d'un rire moqueur.

- C'est tout ? Vous où vous a-t-on appris à vous battre ? Ce n'est pas ainsi que vous allez défendre votre vie !

Les Elfes étaient terrifiés. Il leur fallait gagner un peu de motivation pour commencer à voir quelque chose de moins décevant... Mais cette fois, Craz le voyait dans leur regard, il avait enfin obtenu ce qu'il voulait : il se battraient pour de bon... si ce n'était pour leur vie, au moins pour lui rabattre son caquet... Il était assez fier de lui, et ne se privait pas de le montrer... Cela lui valut un coup d'épée rageur en direction de ses côtes. Impossible à esquiver rapidement, sa dague lui servit une nouvelle fois de parade. L'arme immobilisée, il fit un clin d'oeil à celui qui la tenait.

- Vous voyez, que vous pouvez, quand vous voulez...

A partir de cet instant, les coups s'enchaînèrent à vive allure, les Elfes toujours en attaque, Craz toujours en défense, sans jamais échanger les rôles. L'Elfe noir se contentait d'esquiver, parer et encaisser les coups, sans jamais faire répliquer sa dague. La seule victoire des Elfes était pourtant juste d'avoir fait disparaître son sourire. Mais cela signifiait seulement que leur adversaire était concentré à l'extrême... A force, les blessures s'accumulaient sur son corps, certes impressionnantes, mais toujours mineures. Il faisait toujours en sorte de minimiser les dégâts tout en donnant l'impression qu'ils étaient maximum...
Ses ennemis croyaient aller à la victoire, ils se trompaient. L'elfe noir ne mourrait pas, il savait ce qu'il faisait. Sa danse avait un but, planifié depuis le début. C'était un test, plus vicieux que les Elfes ne pourraient même le soupçonner... Car lui avait une endurance bien au dessus de la leur, et même si ses blessures la diminuait, ils seraient fatigués bien avant lui...

-Karal, dit lentement le supérieur. Après ce rituel, tu seras l’une des nôtres. Tu servira notre clan. Tu souffriras pour lui. Tu seras égale à tous ici et tu participeras à ce que nous œuvrerons. Ta vie seras celle du clan. Que cela soit scellé par le sang.
En silence, tous les regardaient. Il n’y avait pas un bruit. Même le vent et les insectes s’étaient tus. Le chef s’était déplacé si près de Karal que sa longue cape l’effleurait. En parlant, il se plaça en arrière d’elle, qui restait immobile.
-Cependant, comme tous ceux avant toi, tu dois faire tes preuves. Montre-nous que tu est digne d’être parmi nous. Je vais t’assigner une tâche. Une importante tâche. Tu l’accompliras, ou tu mourras. Tu te tiendras toujours DROITE!

Tout à coup, avec une grande barre de métal apparemment très lourde malgré la force du Drow, sortie de je ne sais ou, il prit un élan et assena un violant coup dans le dos de Karal. Elle eut un exclamation de douleur, vacilla, mais se tint debout. Aussitôt, il prit un nouvel élan et renouvela le geste brusque.
Une deuxième fois. Une troisième fois.
Au dernier coup, Karal hurla et tomba à quatre pattes. Les dents et les poings serrés, ses yeux fixait le vide. Le chef, visiblement satisfait, attendit qu’elle se relève. C’est ce qu’elle fit, la tête haute. Dans son dos lacéré qu’elle ne ressentait quasiment plus à cause du mal brûlant, Karal sentait un liquide chaud et épais lui couler le long de sa colonne. Elle le savait, cela faisait partie de la cérémonie. Taper jusqu’à ce que l’initié tombe de douleur. Quarte coups… Ce n’était pas si mal, mais elle était un peu déçue. Le grognement à l’arrière s’amplifia.
-Bien, dit-il. Seizer! Prépare le la bête!

À l’orée de la sombre forêt tordue, un groupe remua. Le plus grand du groupe lançait des ordres un peu partout. Alors, l’un d’eux, un Drow magicien sans doute, articula une formule. À l’instant, dans une gigantesque cage, un dragon rouge se mit brusquement à rugir et à se mouvoir comme s’il venait d’être réveillé. Une boule de feu sortit des barreaux de métal. Tout l’évitèrent. Il se déchaînait contre les solides barreaux de sa cage. Dans ses yeux encore plus brillants que ses écailles couleur sang, une lueur de rage sauvage et de fureur brillait.
-Dans une semaine, Karal, tu iras avec ce dragon. Je dois mettre au point certaines choses avec les conseillers, mais je t’expliquerai ta tâche en temps et lieux.
-Quoi?, l’interrompit Seizer. Des jours que ça me prend pour l’amener ici, et tu confie en premier cette bête à… À une gamine?
Karal se tourna vers lui, et lui jeta un regard meurtrier.
-Garde ta sale voix pour les cafards, mercenaire pouilleux…,grogna-t-elle.
Seizer ne fit rien, mais son expression ironique lui laissa entendre qu’il n’avait pas dit son dernier mot…
-Seizer, je ne t’ai pas demandé ton avis. Alors, Karal, va.

Il lui tendit une dague entièrement noir. La jeune Drow la prit comme une automate et se dirigea vers le prisonnier. Là, un semblant de gaieté l’effleura. Elle le contempla pour s’amuser un peu de sa terreur. Il la regardait avec tant de détresse. Les muscles de son coup étaient tous tendus, et sa respiration bruyante était saccadée.
-S’il vous plaît… , lui supplia-t-il la voix étouffée en la regardant droit dans les yeux.
Un petit rire moqueur sortit se la bouche de Karal. Elle, s’il elle aurait été à sa place, la dernière, la toute dernière chose qu’elle aurait fait, c’est bien supplier ses ennemis! Sans le quitter du regard, elle promena la pointe de la lame sur le cou de l’Elfe, en laissant une fine trace écarlate.
Perdant tout espoir, il fixa le ciel en laissant tomber :
-Sales Drows…
Karal soupira. Bon, elle n’allait pas rester des heures autour de cet Elfe… Une profonde ennuie la prit, et vivement, elle planta son poignard dans le cœur du prisonnier avant même qu’il n’eut le temps de crier. Il n’eut qu’un spasme et fit un bruit de souffle coupé avant de trépasser. Karal se tourna donc vers les autres. Ils semblaient un peu déçus qu’il y ait pas eu plus de cris, mais bon.

Lam'rya arriva au dessus de cette tache qu'elle voyait au loin. Elle regarda par dessus son épaule. Elmira s'était endormie. Quand Lam'rya se rapprocha du sol, elle aperçut un petit groupe rassemblé autour d'une pierre plate. Une odeur horrible la saisit alors. Elmira s'éveilla et sortit son arc. Il était fin et d'un bois aux teintes noires. Elle encocha une flèche et frissonna en voyant les ombres se mouvoirs doucement sous elle.
Quand elles s'approchèrent, l'Elfe pâlit en apercevant la silouhette familière d'un Elfe, étendut les yeux clos sur la pierre. Quand elle vit la tâche rouge qui tâchait sa tunique, elle comprit qu'il était mort.

- Des drow !
* Quoi ?*
* Des drows ! Les pires ennemis des Elfes ! Regarde, il en ont assasiné un !*
* Oui, je vois.*
* Je ne sais pas ce qui me retient de leur mettre une fléche entre les deux yeux !!*
* Je pense que c'est ta raison qui ne te permet pas cela. Ils sont trop nombreux ! Ils nous tuerait.*

Un rugissement attira leur attention.

*Regarde Elmira ! Un dragon !*
* Que fait-il ici ?*
* A mon avis, c'est cette fille qui va en hériter ! Regarde, c'est elle qui a tué l'Elfe ! Son poignard est rouge de son sang !*
* Je plains ce dragon ! Il n'a pas l'air heureux !*

Soudain, le dragon tourna les yeux et aperçut les deux fugitives ! Il poussa un rugissement puissan et cracha un jet de flammes dans leur direction. La jeune meurtrière suivit le regard du dragon et eut un mouvement de recul en voyant Lam'rya et Elmira...

-Ah... Regardez, on a de la visite... Dit-elle amusée en voyant la dragonne blanche et sa cavalière planer aux alentours d'eux. Pensez-vous qu'ils sont perdus, ou somplement inconscients?
Elle eut un rire moqueur en regardant son chef avec un regard... Entendu.
-Puis-je leur donner la chasse?
Il réfléchit quelques secondes avant de répondre:
-Oui. Tue-l'Elfe, ou fais-là prisonnière, mais ramène le dragon blanc. Ils sont de plus en plus rare, et celui-la pourrait nous être utile. Par contre, attention avec le Rouge. Je ne te permettrais pas de le perdre.

Sans rien dire, toute exitée, Karal s'élanca vers la cage. Ils ne fallait pas que les intruses se sauvent avant qu'elle ne les rattrapent! Ça serait vraiment dommage. Avec agillité, elle se faufila enre les barreaux et, avant que le dragon ne put réagir, elle sauta avec légèretée sur son dos écailleux. Elle mit son esprit en contact avec le sien, comme un couteau froid qui se plante durement dans la chaire. Le dragon poussa une plainte.
**Obéit. Sinon tu en subiras les conséquances. Tu l'as déjà connu. Tu seras bien traité seulement si tu fais ce que je te dis. **
Un agréable sentiment de pouvoir vint à Karal. Le grand Rouge ne voulut pas se laisser faire, et se secoua dans tous les sens pour se dégager de cette personne. Mais Karal n'eut pas la moindre difficulté à rester bien en place. Elle replongea encore plus douloureusement sa pensée dans latête du pauvre dragon. Cela le faisait souffrir encore plus que n'importe quelle arme. Il rugit de toutes ses forces. Karal n'était pas la moins intimidée du monde.
**Silence!**, lui ordonna-t-elle.
Résigné, le dragon se tut.
**Bien. Tu auras les honneurs que tu mérite si je me fais écouter. Gare à toi. **
La grande bête de feu était malgré elle soumise. Voyant cela, le chef fit ouvrir la cage, et, à la demande de Karal, le Rouge s'envola.

Dans le ciel tojours sombre, elle eut une drôle de sentation s'empara d'elle. C'était donc ça, voler... Étrange. Elle aimait ça. Ici, elle était complètement libre . C'était agréable. Elle ignorait si d'autres Elfes noirs de son clan avaient déjà chevauché un dragon, mais elle espérait qu'elle le ferait encore longtemps.
Puis, elle sentit le désespoir du dragon. La quantité de haine qu'il lui portait. Il savait qu'il ne serait plus jamais heureux, avec eux. Qu'il ne pourra plus chasser joyeusement dans les montagnes vertes de la forêt. Il était devenu un esclave. Et cela était durement acceptable pour une créature si noble qu'un dragon. Karal eut une moitié de sourire. On se chosissait pas sa destinnée... Ni lui, ni elle. Mais avec le temps, elle savait qu'il se ferait. Qu'il aurait du plaisir à aller traquer leurs ennemis, et à sentir le sang des Elfes couler entre ses dents quand il en croquerait un Xième. Oui, elle s'en doutait. Avec elle, il était loin d'avoir fini...

Tout à coup, du bruit attira son attention. Un grand hurlement. Elle frissonna de plaisir. Elle regarda de ses yeux perçants l'origine du cri. Elle voyait à travers les branches dégarnies deux Elfes morts, un qui criait, un autre debout, et un Elfe noir.
Mais... Mais c'était Craz! Qu'est-ce qu'il faisait là? Il avait l'air de bien s'ammuser, en tout cas!

En face, le guerrier tremblait... Il savait... il savait que s'il ne faisait rien... L'elfe noir avait atteint les poumons, la respiration de l'elfe était moins qu'un souffle... bientôt le coeur... détruisant tout au passage, prenant plaisir à faire souffrir horriblement celui qui était en son pouvoir... Il s'élança sans plus réfléchir, visant ce visage ignoble au sourire dément. Mais il atteignit le cou de son comparse, qui s'était lui-même mis au devant... La gorge percée, l'Elfe agonisant se mit à sourire. Il réussit même à prononcer quelques mots, les derniers de son existence.

- Tue-le...

Et comment, qu'il allait le faire ! Cet Elfe noir avait torturé son ami, qui avait préféré mourir de la pointe de son épée que des supplices immondes... En faisant cela, il l'avait sauvé, empêchant son épée d'atteindre la tête de son ennemi... mais ce répit ne serait temporaire, il le jurait sur ses compagnons morts...
Le corps glissa doucement sur le sol, relâché par son bourreau. L'elfe noir était bien désappointé... Son jouet s'était éteint prématurément... Il aurait pu le faire crier encore et encore, jouissant de sa souffrance, la faisant durer, frôlant sa mort à chaque détour, s'en rapprochant un peu plus à chaque fois, lui échappant pour mieux s'ébattre... Mais il y avait eu ce trouble fête, et sa victime avait saisi l'occasion, trop facile, de stopper toutes ses douleurs... Il restait désormais un seul Elfe debout... Il n'y avait donc plus qu'une victime potentielle, et plus aucun spectateur... Oui, vraiment, il était dépité...

Le drow était désarmé... Par orgueil, il avait volontairement fait tomber sa dague... Le temps qu'il la ramasse donnerait un avantage à l'Elfe, celui-ci n'était pas décidé à le laisser passer... Mais l'Elfe noir était là devant lui, sans sourire, sans bouger... Tout portait à croire qu'il ne voulait pas récupérer son arme... Alors l'elfe attaqua. Craz n'eut qu'à se baisser pour éviter le coup d'épée horizontal, et se relever, dague en main. S'apercevant qu'il l'avait eu, le guerrier s'attendait à voir un sourire le narguer, mais il n'en fut rien. Il lui adressa un signe de tête, l'interpelant au passage.

- Qu'y a-t-il ? Tu ne t'amuses plus ?
- Non...

L'Elfe fronça les sourcils. Que signifiait cette réponse, en pratique ? Il craignait le découvrir assez rapidement, alors décida d'agir avant que l'Elfe noir ne se reprenne. L'épée pointée sur le coeur du drow immobile, il crut avoir réussi... Mais au dernier moment, celui-ci s'écarta. Il n'avait pas été surpris, l'Elfe en était maintenant convaincu, alors pourquoi n'avoir pas esquivé complètement le coup ? Car il l'avait touché aux côtes, même si ses réflexes avaient empêché la blessure d'être critique. Le mécontentement le rendait-il plus lent ? Moins attentif ?
Méfiant, le guerrier recula de quelques pas, préparant sa prochaine attaque, tout en réfléchissant à une défense, si son ennemi se décidait à combattre. Mais ce dernier affichait une mine maussade, il ne comprenait pas pourquoi il n'agissait pas... Pas le temps de réfléchir, il s'engagea dans un combat qu'il eut bientôt l'impression d'animer seul... L'Elfe noir ne faisait qu'éviter ses coups, quand il ne les subissait pas directement, et... délibérément. Le guerrier ne pouvait as s'empêcher de se dire que son ennemi était effrayant... Il ne faisait sans doute pas cela sans but, mais que cherchait-il ?
Craz, toujours impassible, laissa même son adversaire reprendre son souffle... ce dernier ne le réalisait pas, mais ce n'était rien d'autre qu'il attendait, tout ce temps... Celui-ci restait sur ses gardes, n'ayant toujours pas réussi à le blesser suffisamment pour l'affaiblir de façon significative, il était conscient que l'Elfe noir ne manquait pas de ressources...

Comme un mime qui abandonne son rôle, Craz s'anima soudainement. Armé seulement d'une dague à la lame fine, il s'approcha subrepticement et la pointa sur l'Elfe... La dague perçait déjà la peau, s'enfonçant doucement dans la chair... Le guerrier, surpris de la rapidité de son ennemi, n'avait pu l'éviter... Il suffisait qu'il recule pour éviter le pire, amis l'effet psychologique était inévitable... L'elfe noir le savait : il était tétanisé...

- Ne t'inquiète pas, ce ne sera plus très long...

Flap ? Un bruit, sur le côté. Un battement d'ailes... Des ailes majestueuses... Distraction. Craz tourna la tête. L'Elfe profita de l'instant, lui asséna un grand coup d'épée dans le flanc. Rejeté en arrière, tombant à terre, il envoya la dague dans un dernier geste, laquelle perça la gorge de l'Elfe. Ce dernier s'écroula, tué sur le coup. Craz plaqua ses deux mains à présent libres sur la blessure qu'il sentait profonde. Il tourna la tête vers la nouvelle venue. Elle... Il avait du mal à le croire... Karal... Elle chevauchait un dragon... telle était la place qu'on lui avait désignée... Elle avait de la chance... Malgré son état, Craz ne pouvait s'empêcher de l'envier... Souriant légèrement, il voulut parler. Mais sa bouche ne s'ouvrit que pour cracher su sang. Sa tête retomba en arrière, puis roula sur le côté, vers le Dragon.

- C'est trop bête...

Le visage souriant se détendit, déjà les yeux partaient dans le vague, Craz les ferma, relâchant tous ses muscles, laissant le sang s'écouler sur le sol, absorbé aussitôt par la terre craquelée... Lui qui voulait l'impressionner, elle...

-Plane en cercle un peu autour du dragon net de son cavalier. Attention, c'est une archère.
Karal voulait étudier un peu le comportement de ses ennemis de loin. Ils semblaient décidés à attaquer. Bon. Parfait.
Mais Karal regarda en bas. Elle eut un sursaut. Elle vit Carz, par terre, qui semblait très mal en point. Ça alors! Comment est-ce possible?
Pas le temps pour les questions. Dans un mouvement rapide, le dragon blanc s'approcha d'eux. Elle rit de leur courage qu'elle trouvait inutile. Elle prépara sa sarabcane. Juste comme ils éaient rendus presque côtes à côtes, le dragon rouge obliqua de côté et Karal projeta un dard empoisonné. Mais la Blanche fit plutôt un petit plongeon. Elle aurait probablement prévu se glisser juste en dessous du Rouge. Mais ils s'étaient déplaçés, tout comme ses ennemis, et personne ne fut blessé. Bof, partie remise...
Son dragon fit demi-tour, mais Karal lui ordonna plutôt d'attérir dans la forêt, du côté où elle avait vu Craz. Celui-ci amorça sa déscente vers les arbres.
C'est aussi que Karal montait la première fois un dragon. Tant mieux si elles pourraient se battre sur le sol, à l'abris des regards des autres.

Le dragon rouge se posa dans un grand batement d'aile tout près des dépouilles sans vies des Elfes. Karal regarda dans le ciel: la dragonne l'avait suivie de près, mais semblait à présent en difficultés, en train de souffrir. Tant mieux! Karal regretta un peu de devoir momantanément abandonner le combat, mais autre chose occupa son esprit. Elle sauta de sa monture, amorça agillement sa chute, mais prit le temps de poser sa main sur ses écailles froides et de planter son esprit dans le sien, menaçante.
** Je saurai tout ce que tu penses. Ne crois pas que tu pourras t'enfuir dès que j'aurai le dos tourné. Ta punition serait telle que tu regretta d'être né. Ne bouge pas, et il ne t'arrivera rien . **
Le dragon baissa la tête. Il avait déjà goutté aux foudres des Drows, lorsqu'ils l'ont ramené des montagnes, où il vivait. Il avait bien vite compris qu'il ne faisaient jamais de menaces pour rien.

Karal courrut vers le corp immobille de Craz. En une fraction de seconde, elle fit une rapide évaluation. La blessure la plus grave saignait abondamment, sur le coté. Était-il mort?

-Craz!?
Il avait entrouvert les yeux. Ouf. Mais ils avaient été refermés. Il devait être donc être très faible. Elle devait faire vite si elle voulait le sauver.
Étrangement, Karal fut surprise par ces yeux... Les quelques secondes qu'elle les avaient vus, elle avait été comme fascinnée. Elle n'aivait pas détaché son regard du sien. Quelle étange et belle couleur. Elle avait été presque déçue quand il s'était laissé allé dans l'inconscience.

Malgré la gravité de la situation, Karal éclata soudaimenent de rire. Pas un rire moqueur ou méchant, mais un vrai rire.
- Craz, veux-tu me dire comment tu t'es pris pour te mettre dans une situation comme celle-la?
Elle trouvait le contexte très drôle. En fait, Craz était une des seules, ou peut-çetre la seule personne dans le clan qui l'avait déjà fait rire.
Se ressaisissant, Karal regarda le ciel. De sa position, on ne voyait pas le dragon blanc.
**Eh, le Rouge! Prépare-toi à attaquer si tu les voit! Sinon tu te feras tuer aussi!**
Il lui répondit par un grognement.

Bon. Le plus urgent était d'arrêter sette plaie de saigner. Sur le corps d'un Elfe, elle remarqua du fil et une aiguille avec quoi on avait commençé à recoudre sa blessure... Non, non, c'était hors de question. Et stupide. La jeune Drow déchira plutôt quelques bandelettes du bas de la cape de Craz (elle était déjà toute déchirée), et commença à panser en vitesse la coupure.

Sentant les manipulations de Karal, Craz lutta contre les limbes qui l'emmenaient toujours plus loin dans l'obscurité. L'Elfe noire prenait soin de lui, il voulait assister à ce fait extraordinaire... Même s'il en était le sujet, voir sa semblable agir ainsi l'intéressait au plus au point... Pas courant... Surtout de sa part, à elle... Même s'il avait été en mesure de bouger, il se serait soumis de la même manière sous les mains de sa compagne : docilement. Et il n'avait pas raté sa réflexion à son propos... Il n'ouvrit pas les yeux, mais cette fois, il se concentra sur sa bouche.

- C'est ta faute...

Rien que pour pouvoir imaginer la tête qu'elle fit, cela avait valu le coup... Il ne le vit pas, cependant. Il avait vraiment mal partout... Etrange alors qu'il n'était blessé qu'à un endroit... Il savait qu'il perdait beaucoup de sang... Etait cela l'effet que cela faisait, quand on s'approchait de la mort ?
Un soupir s'échappa d'entre ses lèvres, qui s'étirèrent pourtant sur les côtés. Il était content... Content qu'elle l'ait trouvé, plutôt qu'un autre... Content pour elle aussi... Sa place dans leur société était plus qu'enviable... Sa main sans force tenta de se refermer sur une motte de terre, sans succès. Le mouvement fut trop faible...
Nouveau soupir, il se détendit. Il allait peut-être bien mourir, après tout...

- Karal...

Il n'avait même pas la force de serrer les dents. Cela le faisait rager. Comment avait-il pu se laisser avoir ? Il se sentait honteux et frustré. Il était faible, à la merci du plus petit... Il n'avait pas peur de la mort, mais s'en aller de cette façon... Si cela arrivait, il devait lui dire, avant...

- Ka... je...

Trop tard... Il avait déjà épuisé trop d'énergie. Même si l'écoulement était à présent arrêté, le sang qu'il avait perdu ne lui permettait plus d'agir à sa guise... même pour ça... Il ne pouvait même pas s'en plaindre, ni en pleurer... Il ne pouvait pas... Il n'y avait qu'une seule chose à faire : se reposer. Avec un peu de chance...

-C’est ta faute…

Cette phrase la fit quelque peu sursauter. Premièrement parce que Craz était à moitié mort. Elle ne sous-estimait pas sa résistance, mais elle était quand-même consciente que ces paroles, qui n’étaient qu’un souffle, demandait un effort plus que considérable. Et deuxièmement car elle n’en saisissait pas vraiment le sens.
« Quoi, ma faute? » Pensa-t-elle.

Elle haussa les épaules. Que ce soit de sa faute à elle ou à un autre ne changeait rien au moment présent. Et puis si c’en était effectivement le cas, de toute manière, elle ne l’aurait même pas fait exprès ! Mais elle était perplexe. Perplexe devant quelque chose qu’elle n’avait jamais vu auparavant. L’Elfe noir devant elle sentait bien qu’il allait peut-être expirer. Qu’il était aussi vulnérable qu’une fourmi et qu’il avait quasiment autant de force qu’une limace. Une situation bien peu enviable. Pourtant, elle vit comme… Un sourire sur son visage. À quoi était-ce du? Comme c’était étrange. Ensuite, il lui sembla qu’il voulait dire quelque chose. Mais quoi? La curiosité était forte. Mais il fallait passer au point suivant au plus vite.

**Dragon! Sont-ils là?**

Un faible grognement grave comme réponse. Il ne voulait pas lui parler. Il la haïssait trop. Mais Karal redoubla de patience. Elle le savait, précipiter les choses, mêmes urgentes, ne servait à rien. Elle leva la tête, mais la forêt de sapins sombres l’empêcha d’apercevoir quoi que ce soit mis à part de grandes branches touffues. En un sens, c’était bien, cela les protégeait de la vue de l’Elfe et du dragon, là haut. Par contre, elle entendit de ses oreilles fines des battements d'ailes et un souffle de bête vers le ciel. Ils devaient être là. Il fallait risquer quand-même.

**Viens, dragon.**

Dans des craquements de branches, la gigantesque bête approcha. Karal fut de nouveau agréablement surprise par la beauté et la taille du Rouge. Celui-ci sembla un peu surprit de la voir le dévisager ainsi.

**Tu es vraiment très beau, dit-elle satisfaite. Bon prépare-toi, on y va.**

Sans grande difficulté, Karal déposa le corps inerte et tout sanglant de Craz sur la bête de feu. Comme elle montait elle aussi, elle déposa son regard sur lui. Sans savoir pourquoi, elle eut une sorte de pincement au ventre. Elle serait ennuyée s’il devait trépasser avant d’être soigné. Quelque chose manquerait au clan. Mais… Pourquoi donc? Pourquoi faisait-elle cela, exactement? Karal se surprit elle-même tout à coup. Comme pour chasser ces pensées, elle secoua vivement la tête.
«Franchement, Karal!»
Avec plus de colère, elle dit rudement :

**Au campement. Allez, dragon, fonce! Laisse sortir ta rage! Vole!**

Donc, le dragon sans-nom prit son envol, se moquant un peu de savoir si la dragonne et sa cavalière allaient attaquer dès qu’il mettrais la tête hors de la forêt protectrice. Pour lui, la vie ne valait presque plus la peine d’être vécue… Seul importait d’éviter la souffrance, à présent. Le dragon rouge s’était vite adapté…

Fouettée par le fort vent froid et sec, Karal scruta les alentours, et fut surprise de constater que ceux qu’elle croyait avoir à combattre s’étaient envolées. Au propre comme au figuré. Elles n’étaient plus là. Calmement, Karal ne restait pas une seconde sans être aux aguets, pensant toujours à la possibilité d’une attaque surprise quelquonque. Mais finalement, non. Elle atterrit sans que rien d’anormal ne se passe. Les quelques Drow qui étaient restés dehors malgré la faible lumière qui arrivait à sortir hors du voile épais de nuages foncé qui couvraient le ciel, la regarda mettre pied à terre, le sourcil levé. Ils se seraient attendus à mieux. Karal ne fit pas attention à eux. Le chef de leur clan s’approcha, imposant.
-Eh, bien?

Karal resta de glace. Elle laissa tomber :

-J’ai vu quelque chose dans les bois. Je suis allée voir, et je l’ai découvert.

Elle désigna d’un mouvement du bras le dos de son dragon. Craz y était toujours couché, immobile, ruisselant de liquide rouge qui se confondait avec les écailles de la bête. Nerveux, ce dernier battait l’air de sa queue. Le chef ne dit rien, mais quand il reconnu Craz, il ne put éviter un expression d’étonnement.

-Il y avait trois Elfes morts aussi, ajouta Karal en haussant les épaules.
-Trois Elfes?
Quels sorte d’Elfe auraient bien pu mettre dans un était pareil un membre de leur clan? Le chef n’avait jamais beaucoup aimé Craz, l’indiscipliné qui n’obéissait jamais vraiment, mais il savait qu’il pouvait plus que bien se battre, comme tout les autres de se race qui se respectent, d’ailleurs. Des envoyés de la reine? Peut-être qu’ils avaient été plus que trois? Ou peut-être que Craz avait été extrêmement décevant au combat. Non. Le chef fit un demi-sourire en trouvant une réponse. Probablement tout simplement à cause de son indiscipline, comme toujours. Il soupira. Puis son regard alla sur Karal.
-Tu l’as soigné…
-Il se vidait de son sang, répliqua Karal, méfiante.

Le chef la regarda quelques secondes d’un air que Karal ne put saisir, mais elle ressentit une vive colère.
-Qu’on le mène aux guérisseurs, finit par dire le chef.

La jeune Drow s’éloigna rapidement vers son dragon.

Le quartiers des guérisseurs n'était pas tout proches... Et dans le camp, il était hors de question de faire voler un dragon... Karal allait devoir porter son compagnon jusqu'à eux... Ce ne serait pas une mince affaire... Mais alors qu'elle s'apprêtait à faire descendre Craz de la bête, elle sentit quelqu'un derrière elle. Un autre elfe noir s'était approché, visiblement désigné volontaire par le chef pour lui venir en aide : il n'avait pas l'air particulièrement heureux d'avoir été assigné à cette tâche... Karal lui laissa un peu de place, comprenant son rôle. L'elfe mécontent saisit l'inconscient sous les aisselles, elle était donc en charge des jambes. Craz fut amené à bas du dragon sans vraiment de douceur, ce qui manqua faire protester celle qui essayait de le sauver. Mais l'elfe noir était visiblement impatient d'en finir, il ne demandait qu'un prétexte pour laisser tomber...
Le chemin sembla long, à ainsi transporter un blessé inerte... mais c'était la vie de ce dernier qui était en jeu... Karal profita donc de l'empressement de son second pour préserver Craz tout en se rapprochant le plus vite possible de leur but. Ce ne fut non sans soulagement qu'elle le posa sur une paillasse qu'un des guérisseurs lui désigna... Quand elle releva la tête essuyant son front de la sueur de l'effort, l'elfe noir s'était déjà éclipsé. Elle ne lui demandait rien de plus... Le guérisseur qui s'était déjà adressé à elle vint près de la couche de l'elfe noir imprudent, il eut tôt fait de saisir l'origine de la blessure. Un regard en coin indiqua la sortie à Karal, elle avait fait son devoir, il s'arrêtait là. Elle alla donc à l'extérieur la grande tente, il ne lui restait plus qu'à attendre la fin de leur travail, sans rien savoir...

Désœuvrée et inquiète bien malgré elle, l'elfe noire ne pouvait faire autre chose que d'être assise devant le quartier des guérisseurs, sans regarder personne, la tête entre les coudes. Les rares qui vinrent la voir furent renvoyées d'un regard noir, elle n'eut ainsi aucune autre obligation à remplir... C'était peut-être bien ce qu'elle voulait après tout : qu'on la laisse tranquille...
Combien de temps passa, ainsi, à compter les graviers du sentier ? Plusieurs heures, sans doute... Le Soleil avait fait du chemin dans le ciel... Il commençait à se lever, perçant difficilement les feuilles de la Forêt des Ombres, lorsque le guérisseur sortit de la tente, pour trouver Karal debout juste sous son nez. Il ne fut nullement surpris de la trouver là, il baissa la tête vers elle. Son regard ne se voulait pas rassurant, il n'avait fait que son travail.

- Tu peux le voir, maintenant.

L'elfe noire n'attendit pas d'y être autorisée pour entrer, précédant ainsi celui qui lui avait fait cette annonce. Il la suivit de près, celui qu'elle visitait était encore sous sa responsabilité. A peine entrée, elle vit les yeux bleus de Craz tourné vers elle, si clairs qu'ils semblaient lumineux dans la pénombre. Elle fut bientôt au chevet de son compagnon, il souriait. Karal était, elle, étrangement mal à l’aise. Elle ne sut quoi dire, ou comment agir. En fait, elle avait attendu tout ce temps à l’extérieur sans trop se questionner.

- Tu es là...

Une inspiration douloureuse coupa court à sa conversation, et Karal comprit qu'il valait mieux que Craz ne fasse pas trop d'efforts. Elle posa son doigt sur la bouche de l'insouciant lorsqu'il l'ouvrit, pour l'empêcher de parler à nouveau. Elle le regarda, sans rien dire. Malgré son geste qui pouvait porter à interprétation, elle voulait son expression le plus neutre possible. Le guérisseur derrière elle, l'avertit à sa place.

- Tu es à peine remis, tes poumons ont été touchés. Nos soins seront inutiles, si tu bouges trop...

Les yeux de l'elfe noir se plissèrent, éteignant un peu leur lumière, on aurait pu croire à un acquiescement silencieux. Mais il leva doucement la main vers le haut de son corps, pour prendre délicatement celle de Karal, toujours à proximité, et la maintenir sur sa joue. Il ferma les yeux, apaisé, la pression se relâcha. Karal sentit un court, mais brusque sentiment ressemblant à la panique, comme un choc électrique. Mais elle ne broncha pas. Retenant même son souffle, elle ne laissa rien paraître.
Les rayons de l'astre parvenaient à présent jusqu'à eux, amenuisés par la toile, mais cette clarté que les elfes noirs n'avaient pas l'habitude de voir semblait représenter une sensation inconnue pour eux, et qu’on aurait sans doute pu qualifier d'espoir. Le comportement de Craz s'expliquait sans doute par son état de convalescent, mais il était hors de danger...

-Tu étais bien mal en point… Commenta-t-elle enfin.

Un petit sourire éclairement finalement ses lèvres. Elle repensa à sa surprise quand elle l’avait aperçut, à l’article de la mort. Ne l’avait-elle pas vu, à peine quelques instant avant, avoir le plein contrôle sur les Elfes qu’il semblait si bien tourmenter. Mais aussitôt, un apparence impassible reprit contrôle de son visage. Elle regarda par terre. Le guérisseur fronça les sourcils puis haussa les épaules. Elle ignorait que les mains de quelqu’un pouvaient être douces… Pour elle, des mains, c’était pour tenir et manier un arme! À peu rien de plus. Qu’est-ce que ça voulait dire?

Le guérisseur, mine de rien, leur parla avec quelques phrases simples des dommages que Craz avait reçu. Il avait reconnu le type de blessures minimisés au maximum qui lui étaient bien connues.

Karal regarda de nouveau le rescapé. Il semblait heureux de la voir. Pourquoi? Parce qu’elle lui avait sauvé la vie? Songeuse, elle se demanda comment elle réagirait si, elle, elle aurait été arrachée à la mort. Elle frissonna. Avant, on aurait dit qu’elle aurait été reconnaissante, sans plus. Après tout, on lui avait toujours enseigné que la vie n’était que peu. Une chose si facilement enlevée, qu’on pouvait faire sans remords. Que la vie leur était donné comme par hasard. En fait, elle aimait mieux évité de se questionner sur de telles choses.
Mais aujourd’hui (était-ce parce qu’elle avait vu la scène de ses propres yeux?), c’était comme…plus. Est-ce que d’autre personnes ressentait la même chose? Peut-être le guérisseur, il avait vu tant de personnes sur le point de trépasser. Non, probablement pas. Il ne semblait pas s’émouvoir le moins du monde. Il faisait son travail, c’est tout. Il tentait de sauver des membres du clan en difficulté, et si cela s’avérait impossible, il mourraient. Point. C’est tout, dans le fond. Mais Karal était certaine que Craz percevait la même chose qu’elle. Elle se sentit étrangement liée à lui. Elle avait seulement hâte qu’il sorte de cette clinique. C’était bizarre, elle ne savait pas du tout quoi dire. Certainement pas qu’elle était heureuse qu’il soit encore en vie, elle ne l’oserait pas. Soudain, un petit détail plus ou moins insignifiant surgit de sa mémoire, juste comme ça.

-Ta dague. Elle est restée là-bas, je l’ai vue.

Elle se sentit tout à coup idiote. Le seule autre fois ou Karal avait eu un sentiment similaire, c’était quand elle était apprentie; elle avait été chargé se s’occuper d’un prisonnier, et avait complètement oublié de l’attacher. Quel honte lorsque les autres lui ont demandé comment il avait bien pu s’évader!

Les yeux bleus s'entrouvrirent, juste assez pour que l'elfe noire comprenne que même si rien ne s'affichait sur son visage, Craz souriait encore. Malgré la douleur que cela provoquerait, il la connaissait déjà, il voulut répondre à Karal.

- Tu... voudrais bien... aller me la chercher ?

Ses lèvres s'étirèrent, un tout petit peu. Il était parfaitement conscient de sa position, et de celle de Karal. Malgré sa difficulté à reprendre son souffle, il lui demandait cela pour qu'elle ne reste pas sans rien faire, et que quelque chose lui occupe l'esprit... Pour le guérisseur, elle serait plus un fardeau qu'autre chose, et elle savait à présent qu'il était entre de bonnes mains...
L'elfe noir tourna légèrement le visage vers la main de Karal, avant de cligner des yeux, dérouté. Finalement, quoiqu'il ait souhaité faire, il se ravisa. Ses doigts lâchèrent lentement ceux de l'elfe, à regret, les laissant revenir à leur propriétaire... Il garda pourtant sa main à la même place, repliant les phalanges l'une après l'autre, pour garder cette chaleur au creux de sa paume...
Son regard, qui avait observé cette manœuvre se perdit distraitement dans la contemplation de la main de Karal, remontant imperceptiblement vers son bras, son épaule... son visage... Ce ne fut que lorsque les yeux bleus rencontrèrent les siens que l'elfe noire s'aperçut de cet infime mouvement... Malgré sa faiblesse, le sourire de Craz était soudain devenu... troublant...

Alors que Lam'rya s'apprêtait à attaquer, Elmira changeade stratégie. Elle cria à la dragonne :

- Aterrit, Lam'rya !
* Quoi ? Mais ils vont nous échapper !!*
*Fais ce que je dis ! Et atterrit le plus silencieusement possible dans...*
*Tu n'as pas d'ordres à me donner ... mais je te fais confiance !*

A ces mots, la dragonne plana en rond au dessus de la for^t et atterrit dans une clairière non loin de l'endroit ou le Rouge s'était posé. Elmira se faufila entre les fourrés et épia silencieusement la jeune drow.
Lam'rya tenta d'apercevoir quelque chose mais sa grande taille l'en empêchait.
Soudain, un bruit attira son attention.
Elle se retourna et vit bouger les feuilles d'un jeune chêne.
Elle attendit et les effluves familières de l'odeur d'un dragon lui parvint.
Elle s'avança doucement et écarta les feuilles de l'arbre.
Deux petits yeux jaunes la fixaient dans l'obscurité.
Il restèrent un moment ainsi, puis un battement d'ailes troubla le silence : le Rouge s'était envolé.
Quand Elmira revint, elle ne fit pas attention à Lamërya et se coucha sur le tapis mousseux.
Lam'rya resta clouée des heures devant ce regard insistant qui la défiait.
Puis, le matin venu, l'aube éclaira le corps du dragon noir.
Il était un peu plus petit que la dragonne et ses pattes semblaient plus épaissent.
La dragonne nacrée poussa un grognement pour intimider son adversaire.
Soudain, il bondit à la gorge de la dragonne.
Elle fit un bond et il manqua de peu l'encolure de Lam'rya.
Elle s'envola et il fit de même.
Alors qu'elle se préparait à un combat singulier, elle vit une lueur sournoise dans les yeux du dragons.
Puis, en quelques battement d'ailes, il plana au dessus du camps drow et poussa des rugissements puissants pour attirer leur attention...

Karal hocha de la tête et haussa les épaules.
-Je voulais de toute façon revoir le corps de ces Elfes. Je me demande ce qu’ils faisaient là…

«Peu importe, puisqu’ils sont morts.», songea-t-elle en tournant les talons.
Elle sentit les quatre yeux sur elle quand elle fut au bord de la porte. Comme elle allait la franchir, elle se retourna vers eux et ouvrit la bouche pour dire quelque chose. Mais elle se ravisa et sortit.

Il y eut quelques secondes silencieuses. Le guérisseur eut un léger ricanement, qui ressembla plus à un bizarre soupir secoué.
-Je ne sais pas ce que les autres vont dire de ça… C’est clair qu’il y a quelque chose entre v…, dit-il à son patient.
Mais un rugissement l’interrompit. Vivement, il regarda la porte, comme s’il tentait voir à l’extérieur.

Karal marcha d’un pas lourd et rapide dans les chemins poussiéreux. Les rayons du soleil, aussi faibles étaient-ils, lui fit plisser les yeux. Elle lança un regard noir au à l’astre blanc, comme s’il était responsable de toutes ces choses qui tourbillonnaient à une vitesse qui l’étourdissait elle-même, elle, une Drow. Elle avait toujours considéré sa race comme largement supérieur aux autres. Elle avait pensé pendant si longtemps qu’ils ne connaissaient pas le tourment, la peur, l’incertitude et toutes ces choses faibles. Elle avait juste le goût de s’envoler, très, très haut et d’oublier tout ça. Oui, c’est ça.
Une petite voix à l’intérieur d’elle-même lui criait méchamment :
«Tu es faible! Tu vois, tu veux oublier! Ha, ha! Fuir! Pire que ces pitoyables humains! »
«Grrr, tais-toi…»
Cette voix lui faisait mal.

«Ha, ha, ha! Ma pauvre, tu as mal? Toi qui pensais être capable de supporter même la torture et les griffes de tes chefs? Eh bien, tu ne te rendras pas loin, ma vieille!»

Avant, elle avait toujours écouté cette voix. Elle lui a toujours fait mal, mais c’est grâce à elle que Karal était en vie, et à présent respectée dans le clan. Mais aujourd’hui, elle avait envie de lui planter son sabre dans le ventre et de sentir son sang chaud sur ses doigts. Mais elle la laissait lui lacérer le cœur. Puis, elle se ravisa.
«D’accord, dit Karal en elle-même. Je suis faible? On verra! Je ne connais pas ces sentiments stupides. Nous sommes maîtres! Et un maître de doit pas défaillir!»

Avec la lueur d’une dangereuse détermination dans la pupille, elle monta sur le dragon, qui n’avait pas bougé en deux mouvements. L’imposante bête se redressa et fit quelques pas à l’arrière.
Comme Karal allait donner les indications au Rouge, le puissant rugissement résonna dans tout le village. Elle leva les yeux au ciel. À moitié aveuglée par la lumière, elle perçut un dragon noir. Qu’est-ce qu’il faisait là? Elle aurait juré qu’il les avertissait. Et elle vit les deux autres qu’elle avait un peu combattus. Ah, elles étaient là! Elle rit. Décidément, même si c’était de la folie pour elles, la dragonne et l’Elfe voulaient vraiment l’affronter! Tant mieux! Ah, tient non. L’Elfe n’était plus là. Oh, comme Karal mourrait d’envie de la combattre, cette arrogante petite elfe qui avait osé la provoquée. Comme enivrée, dans un sourire fourbe…

-Ha, ha! Décolle.

Elle n’entendit même pas les ordres de son chef au loin. Elle aura leur peau. Elle n’avait pas envie d’obéir, qui en avait envie?
«Vas-y, Karal!», lui dit cette voix.
«Oui, vas-y.», lui répondit-elle.
Elle s’élança dans le ciel, qu’elle sentait peu à peu devenir son élément.

-Karal! Attrape le noir! Karal, je t’ordonne de… KARAL!

- Je voulais de toute façon revoir le corps de ces Elfes. Je me demande ce qu’ils faisaient là…

Craz ouvrit la bouche pour dire à Karal que leur présence en ce lieu ne posait pas trop de questions, puisque c'était lui-même qui s'était enfoncé dans la forêt, bien loin de ce dictait la prudence, et qu'à la limite, même, c'était lui qui se trouvait sur leur territoire... Mais quand même... qui avait été le plus inconscient dans cet histoire ? L'elfe noir se tut, finalement, il n'avait pas envie de voir le regard du guérisseur se tourner vers lui pour autre chose que pour le soigner. Il savait déjà ce que ce dernier pensait de sa conduite, sa blessure même en disait bien assez sans en dire plus... Et puis, l'elfe noire s'était déjà trop éloignée pour sa voix affaiblie porte jusqu'à elle. Il reposa son la tête sur la paillasse peu confortable, ne la quittant pas des yeux. Elle se retourna dans sa direction - ou était-ce vers le praticien ? Craz ne le sut pas, car elle franchit finalement le auvent sans avoir prononcé un mot... Il baissa finalement les yeux, pour les rouvrir bientôt.

- Je ne sais pas ce que les autres vont dire de ça… C’est clair qu’il y a quelque chose entre v…

Mais l'elfe noir n'eut pas le temps d'achever sa phrase, pas plus que Craz de relever ou préparer une quelconque défense. un rugissement terrible avait retenti, faisant vibrer les tréteaux qui soutenaient la couche du blessé, secouant les cœurs. Un dragon... Cela ne pouvait être qu'un dragon... Craz en était persuadé...
Le gernement profita de l'inattention de son surveillant, portée sur ce nouvel élément complètement inattendu, pour se lever et satisfaire à son tour sa curiosité. Il s'assit avec difficulté, mais une fois cette étape passée, la suite fut plus aisée pour lui, il sufisait de balancer ses jambes sur le côté pour poser le pied à terre. La douleur était vive, mais supportable. Et puis, l'hémorragie avait été stoppée... Ce fut donc juste avec une légère grimace qu'il s'appuya sur ses jambes pour se redresser complètement, le transfert de masse faisait travailler ses muscles abdominaux... Il garda un moment le lit comme soutien, avant de décider de s'en passer pour commencer à marcher vers une autre sortie.
Mais le guérisseur qui s'occupait de lui n'était pas le seul, et un autre remarqua sa démarche hésitante. Il l'intercepta donc, et ne sachant pas exactement pourquoi il était là, l'interrogea. La courte discussion, qui avait convaincu l'elfe noir de laisser sortir le convalescent avait malgré tout attiré l'attention de son soigneur attitré, qui s'approcha vivement de lui, lui imposant par obligation la direction de son lit. Sa manœuvre déjouée, Craz n'eut d'autre choix que de s'exécuter selon les directives du supérieur. Alors qu'il retournait docilement à l'endroit indiqué, le jeune insouciant entendit les reproches dans son dos.

- Je te l'ai dit. Si tu te comportes ainsi, tu ne guériras pas. Cela risque de laisser des séquelles sur ton corps, tu ne te remettras jamais complètement de cette blessure, qui n'était pas, je te le rappelle, bénigne.

Avec une forte envie de hausser les épaules, Craz hocha pourtant silencieusement la tête. Cela ne servait à rien de contredire un expert, même s'il n'en pensait pas moins... Il imaginait sans mal les sourcils froncés et mécontents de l'elfe noir qui faisait son travail avec tout le sérieux du monde...
Craz avait déjà eu ce genre de blessures auparavant... La différence était que d'habitude, il s'en rétablissait toujours avec les moyens du bords, personne n'avait jamais mis à jour son audace sous les yeux des guérisseurs... Et l'elfe noir était très versé dans l'art du faux semblant. A part les quelques personnes qui lui étaient venues en aide à l'occasion, aucun autre ne s'était aperçu des dommages qui avaient été causés à son corps. Il avait pour cela ne multiples cicatrices qui, à part une unique, étaient toujours cachées sous ses vêtements.
Etait-ce une faute de sa part de se faire ainsi toucher ? Certainement, beaucoup des siens jugeraient que oui... Mais faire frôler la mort à d'autres n'est rien si on ne l'a pas expérimenté soi-même. Car comment savoir ce que les autres ressentent lorsqu'on les torturent si l'on n'y a pas été sujet ? Craz ne se considérait pas masochiste, d'ailleurs, il pensait avoir fait bien d'avantage d'expériences que nécessaire, mais étrangement, il aurait du mal à se passer de ce parfait sujet d'expérience qu'il était devenu pour lui-même.
Bien entendu, cette blessure là était involontaire, causée par une inattention... En conséquent, même si elle était unique, elle était plus sérieuse que les précédentes... Peut-être que le guérisseur avait raison... Il devrait sans doute se reposer sans s'occuper du reste... Mais il avait beaucoup de difficultés à s'imaginer inactif pendant que le reste du clan se mouvait autour de lui... Et ce n'était pas son genre de rester oisif, même s'il n'avait pas la même définition pour ce terme que le reste de ses compatriotes...

- Allonge-toi.

Tout à ses pensées, Craz était parvenu jusqu'à la paillasse. Mais contrairement aux indications du médecin, il secoua la tête pour ce qui était de s'allonger. Il se contenta de s'assoir au bord de ce qui n'était finalement guère plus qu'un planche de bois, et regarda l'elfe en face. Il refusait littéralement de suivre cet ordre. En réalité, il ne voulait juste pas accepter qu'il était faible, et en aucun cas se comporter comme tel. Il se sentait relativement bien, et même capable de marcher, avec un minimum de contrôle, comme il venait de le montrer... Et il voulait que le guérisseur le voie comme il était pas, comme un patient incapable.
Ce dernier aurait pu insister, il aurait fini pas imposer sa volonté au récalcitrant, sans aucun doute, mais ne le put pas. Ou plutôt, n'en eut pas l'occasion, car des cris à l'extérieur faisaient preuve d'une situation urgente, contrairement à celle de Craz qui ne l'était plus. Le guérisseur retourna donc rapidement à son poste d'observation, prêt à intervenir au moindre besoin. Une présence se fit sentir peu après auprès de lui, il tourna le regard sur celui qui faisait intrusion dans son périmètre personnel. Il fixa avec un mélange de surprise et de circonspection le jeune elfe noir qui illustrait une fois de plus son indiscipline. Mais il ne dit rien. Après tout, s'il se sentait capable... Il ne fallait juste pas qu'il revienne le voir plus tard en pleurant... l regardèrent donc dehors ensemble.

Lam'rya arait voulut sauter sur le dragon noir et presser son cou entre ses machoires puissantes. Ils avait permis au drow de les localiser et elle se doutait que sa couleur nacrée ne passerais pas innaperçut dans la nuit.
Elle volait au dessus du bois et tenta d'apercevoir Elmira.
Rien. Juste un daim qui s'enfuit sur son passage.
Soudain, un battement d'ailes la fit se retourner.
La jeune drow avait décollé sur le Rouge.
Lam'rya était partagée entre le désir de retrouver Elmira et l'envie de prendre part à la bataille.
Alors qu'elle réfléchissait à toute vitesse, un détail attira son attention :
Le dragon noir ne semblait pas s'occuper de la dragonne mais ses yeux étaient fixés sur la jeune drow....

"Oh, oh.", pensa la Drow.
Elle se rendit compte qu'elle avait à présent deux dragons à combattre. Ah, cette fichue précipitation! Elle faisait pourtant toujours attention... Bof. Trop tard pour reculer. Elle avait un aventage, l'Elfe n'était pas là. donc, pas de flèches à surveiller. Savoir ou elle était l'importait peu. Elle ne pourrait jamais l'atteindre à l'altitude à laquelle ils étaient. Elle observa ses... futures victimes. La Blanche semblait en colère. Le Noir la fixait intensément. Karal resta méfiante. Il samblait beaucoup plus rusé et sournois que l'autre. D'ou sortait-il? On règlera cette question après.
Comme l'avait voulu Karal, le rouge recula pour être à plusieurs mètres d'eux. Ils les verraient attaquer. Elle garda un oeil sur le Noir, mais, concentrée à l'extrême comme on lui avait bien apprit, tel un serpent fourbe et rapide, elle fit glisser sa pensée dans celle de la dragonne. Elle était à présent dragonnière, elle jouissait pleinnement de son pouvoir nouveau de la télépatie. Elle tenta de prendre contrôle du cerveau de Lamerya. Ou, tout au moins, de la faire paniquer...

Lam'rya sentit une force puissante tenter de pénétrer dans ses pensées. Elle repoussa tant bien que mal l'assaut mental et monta en altitude.
Le noir fixait toujours la jeune drow et lui tournait maintenant autour, tel un aigle en pleine chasse.
Soudain, il se tourna vers la dragonne et ses yeux jaunes la fixèrent.
Il attaqua mentalement la dragonne, tel une flèche fine et précise, visant l'endroit affaiblit par l'intrusion précedante.
Elle parvint, à l'extrème limite de ses capacités, à stopper cette attaque.
Mais, à peine eut elle le temps de remettre ses idées en ordre qu'ils attaquaient de nouveau.
Le Sournois et la jeune drow.
Lam'rya, trop occupée à se défendre mentalement, ne vit pas la jeune fille sortir sa sarbacane et avec une précision diabolique, viser les ailes de la dragonne.
La dragonne rugit de douleur quand le poison transpersa la fine membrane de ses ailes.
Elle tenta de remonter mais ses ailes refusaient de lui obéir.
Affaiblie mentalement et physiquement, elle tomba vers le sol, droit sur le camps...

« Qu’est-ce que tu me veux, toi? »

avait pensé Karal quand elle avait vu le dragon trapu tournoyer autour d’elle et son propre dragon. Elle n’était pas inquiète, mais elle reconnaissait trop bien cette attitude fourbe. Elle avait fait un demi-sourire en pensant que ce dragon ressemblait beaucoup à ceux de sa propre race. Elle avait l’idée que tous les dragons (enfin, toutes les autres créatures vivantes, à part les Drows et les races puissantes des profondeurs) ne pouvaient être bon qu’à contrôler sans se soucier d’eux. Comme avec son dragon rouge. Mais la bête sombre seraient peut-être traitée avec plus de respect… Enfin. Tout dépendait de sa réaction.

Ah!
Le voyant fixer à son tour la dragonne, et en observant son expression de douleur et de concentration, Karal vit avec un certain étonnement le Noir l’attaquer par la pensée. Que cherchait-il à faire? Mais il se débrouillait bien. Une arme drôlement efficace il se révélerait si on le capturait. Elle se décida à attaquer, pour de bon, cette fois.

**Plonge! Vite! Rattrape-là!**, ordonna-t-elle à sa monture.

Il ne fallait pas, oh mais pas du tout qu’elle ne s’écrase et qu’elle meure. Les chefs ne lui pardonneraient pas.
Le dragon rouge soumis fit donc un piqué majestueux, ignorant momentanément le dragon noir et tenta le mieux qu’il put d’amortir sa chute. Il fit une demi-boucle cers le bas pour finir en rase-motte et, une dizaine de mètres avant que la Blanche n’atteigne le sol, il fonça en quelque sorte sur elle pour la freiner et surtout, l’empêcher de tomber directement sur le campement.

Ils atterrirent en catastrophe dans un nuage de poussière non loin de l’entrée du campement.